21.3.06

LE GOUVERNEMENT DU HAMASLAND

Le Hamas a présenté son gouvernement
Le Hamas a présenté dimanche soir au leader palestinien Mahmoud Abbas un gouvernement composé de 24 ministres. Les postes-clés sont contrôlés par des chefs du mouvement islamiste.
A l'issue d'un entretien d'une heure, il a précisé que Mahmoud Abbas allait étudier la liste, puis faire ses recommandations au Parlement, qui doit voter pour l'approuver.
Histoire tout de même de marquer le terrain devant Abbas, de lui dire jusqu'où ne pas aller trop loin, il a aussi annoncé qu'un des dirigeants du Hamas, Mahmoud Zahar, serait le nouveau ministre des Affaires étrangères, et que Saïd Siam occuperait le portefeuille de l'Intérieur, en charge d'une partie des forces de sécurité.
"J'ai rencontré le frère Abou Mazen (Mahmoud Abbas) et je lui ai remis officiellement la liste du gouvernement" qui compte "14 ministres de Cisjordanie et 10 de la bande de Gaza, dont une femme et un chrétien", rajoute-t-il d’un air malicieux.
Mahmoud Zahar, un tenant de la ligne dure, serait donc pressenti pour être ministre des Affaires Etrangères. Il est le chef politique du Hamas pour les Territoires palestiniens et l'un des membres fondateurs du groupe.
Agé de 55 ans, il était le médecin personnel du chef spirituel historique du Mouvement, Cheikh Ahmed Yassine, tué par une frappe aérienne ciblée israélienne à Gaza en 2004. Il a été l'objet à deux reprises de tentatives d'assassinats ciblés menées par les militaires israéliens. Blessé, Mahmoud Zahar en a réchappé, mais son fils aîné, lui, y a trouvé la mort.
A la question « quel projet de société le Hamas propose-t-il aux Palestiniens ? » Mahmoud Zahar répondait durant la campagne : « L’Islam est la seule réponse. Si nous obtenons une majorité, nous cultiverons le côté religieux de notre société, pour éradiquer la corruption. Le système laïc corrompt le système politique et la société très fortement".
Il n'est pas certain que les éléments de langage distillés à notre Ministre des Affaires Etrangères Douste Blazy lui suffisent pour appréhender la difficulté de la tâche qui l'attend. La rencontre avec son homologue, si cette nomination venait à se confirmer, risque d'être tout à fait passionnante.
Le mérite de la clarté
Concernant le respect des accords internationaux, Zahar déclarait : « A l’époque, j’estimais que les accords d’Oslo conduiraient les Palestiniens vers un grand vide politique et je l’ai dit publiquement. Mais la situation a changé aujourd’hui : il existe un consensus palestinien à propos des frontières de 67. Certains estiment qu’il s’agit là d’une alternative stratégique et du fin mot de l’histoire, mais le Hamas considère que cette ligne ne marque qu’une étape de la lutte. De notre point de vue, cela ne changera jamais.
On peut accepter des arrangements provisoires mais nous n’abandonnerons jamais nos principes. Certains Israéliens s’imaginent que lorsque nous parlons de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, cela signifie que nous renonçons à notre guerre historique, mais cela est faux ».
Avec un tel Ministre des Affaires Etrangères, les négociations avec le quartet - sans parler d'Israël - promettent d’être fraîches et joyeuses.
Se gardant bien de dire s'il approuvait ou non la liste des ministres, Mahmoud Abbas a déclaré qu'il soumettrait les noms des ministres au comité exécutif de l'OLP (Organisation de libération de la Palestine).
Rien n'est encore joué.
Et l'on peut compter sur les Palestiniens pour faire durer le suspense jusqu'aux élections israéliennes. Plus que quelques jours à tenir !
© Primo Europe, 19 mars 2006