1.6.06

LA PROPAGANDE KEMITE

Tribu KA et négritude

Il y a quelques semaines l'hebdomadaire Marianne pointait ce petit groupe, que son chef chercherait à fanatiser. Le quotidien "métro" de ce matin présente les "thèses" qui seraient celles de Kemi Seba, le leader du groupe. Kemi Seba exalterait la "négritude".

Rappelons que la négritude ne fut pas toujours qu'une revendication purement intellectuelle, pas qu'une affirmation morale et politique destinée à contrecarrer l'abaissement et l'avilissement racistes dont ont été victimes les esclaves noirs puis leurs descendants.

Abaissement et avilissement utiles à la défense de la traite négrière puis au maintien d'une infériorité politique et/ou sociale du "Noir".

Un courant de la "négritude" est parvenu au pouvoir, en 1957, dans la "première république noire", Haïti. Il parvint à s'y maintenir en trahissant puis en détruisant une authentique révolution.

Ce courant a persécuté, par l'intimidation, la prison, les meurtres dont furent victimes les animateurs des groupes et mouvements populaires, la répression des grèves et la destruction des syndicats ouvriers.

Avant de tenir le peuple Haïtien au bout du canon du fusil, François Duvalier fut en effet un des compagnons de route des intellectuels de la négritude, et le bon docteur des pauvres des campagnes misérables de la première République noire". Il fut "papa Doc".

Duvalier tint Haïti sous sa férule, jusqu'à sa mort. Son fils Jean Claude le relaiera en qualité de Président à vie, vidant le pays de sa substance, jusqu'à l'éclatement de la révolution du "déchoukage général", la Révolution du printemps de 1986.

Les dégâts de la négritude gouvernementale peuvent se comparer, toutes proportions gardées aux saccages du stalinisme gouvernemental.

Pendant ces 29 années de dictature, les Duvalier père et fils ne purent se maintenir au pouvoir qu'en s'appuyant sur les Volontaires nationaux, plus connus sous le nom de "Tontons macoutes".

Le Macoutisme gouvernemental, la dictature féroce et corruptrice des Duvalier, prétendait réaliser l'émancipation des "Nègres" en frappant leurs oppresseurs, en particulier en s'en prenant aux ennemis les plus visibles, ceux de l'intérieur, les Mulâtres (une couche sociale descendant des métis de l'époque de la Saint Domingue de la France d'ancien régime).

Cette négritude est à celle de Césaire, Senghor et Damas ce que la dictature de Staline fut au socialisme, une caricature et sa négation. En cela, le programme du petit groupe de la Tribu KA suit l'exemple de Joseph Vissarionovitch, le "petit père des peuples". Il réécrit l'histoire.

Alors qu'ils n'avaient plus d'état unifié, qu'ils étaient au mieux des petits bouts d'état plus ou moins vassaux des grands empires, avec une bonne partie de sa substance humaine déportée et disséminée aux quatre coins de l'empire Perse, puis de l'empire Romain, voilà que la "tribu" nous invente des Hébreux du 4ème siècle avant l'ère actuelle planifiant la destruction du "peuple noir".

C'est une version de "l'histoire" qui puise, quand à la méthode, dans les gamelles de la cuisine de la police secrète du Tsar, l'Okrana l'auteur du Protocole de sage de Sion, livre de chevet d'Adolphe Hitler et dans celle de Staline, le digne héritier passé maître dans l'art des faux judiciaires.

Il faut en effet beaucoup d'imagination torturée et tordue pour lire, dans l'épisode biblique de Cham, un programme d'action des Hébreux pour planifier la destruction du "peuple noir".

Il faut aussi une dose extraordinaire d'outrecuidance combinée à une ignorance satisfaite, de celle qui faisait dire à Goebbels "quand j'entends parler de culture je sors mon revolver", pour fabriquer cette "Histoire" des relations entre les Hébreux du 4ème siècle avant l'ère chrétienne et le Peuple Noir.

Et si l'on devait prendre au sérieux ces divagations "historiques", il faudrait penser que les royaumes et les empires guerriers africains, qui réduisirent la moitié des Africains en esclavage entre les 14ème et 19ème siècles n'étaient pas dirigés par les chefs des aristocraties guerrières noires mais par des Hébreux déguisés en noirs.

C'est curieux !

Alain Rubin © Primo Europe, 30 mai 2006