11.2.07

IRAN : MEDIATIONS SOUS LE SIGNE DU CHANTAGE

11.02.2007

Au cours de la visite d’un émissaire iranien à Moscou, Vladimir Poutine a plaidé jeudi en faveur d’une solution politique à la crise du nucléaire iranien, « grâce notamment au dialogue russo-iranien ». Parallèlement, les mollahs avaient décidé de tenter une médiation avec les Européens. Nous avions évoqué un lien entre cette remarque insistante du président russe (sur la médiation russe) et l’annulation du voyage de Larijani à Munich. Cette affaire connaît un nouveau rebondissement.

En réalité, il y a une rude concurrence entre les Russes et les Européens au sujet de l’Iran. Mise à part cette concurrence, les deux « empires » restent hostiles à toute mesure anti-mollahs et joignent leurs forces pour annuler les efforts américains pour imposer des sanctions économiques contre l’Iran. Ainsi, après les échecs successifs de la Troïka, incapable de trouver un consensus avec les mollahs, Jacques Chirac plaida pour une implication russe dans les négociations.

Cet épisode déboucha sur les négociations russo-iraniennes et la proposition Russe qui préconisait un enrichissement délocalisé en Russie. Cette proposition a déplu aux Européens car les Russes tentaient de réussir là où l’UE avait échoué : arriver à un consensus politique et décrocher le marché nucléaire iranien et ceux de la région.

Finalement, Russes et Européens ont échoué, ayant négligé le programme diplomatique des mollahs qui souhaitent avant toute chose obtenir des Garanties régionales des Etats-Unis. Dès lors, les deux empires ont souvent rejoint leurs efforts pour retarder les sanctions à l’encontre de l’Iran et les mollahs ont profité du délai pour tenter des opérations de harcèlements ou de lobbying pour pousser les Américains au Consensus. Il faut préciser qu’en retardant les sanctions et en évoquant de nouvelles négociations, les deux compères pensent aussi à leurs intérêts en Iran. Nous sommes donc dans un Nième épisode de cette comédie sans saveur où chacun veut rouler l’autre.

Poutine a été très clair : « J’espère que dans le cadre de ces consultations (russo-iraniennes), nous trouverons un dénouement à ces questions difficiles pour lesquelles nous cherchons une solution. La coopération entre nos deux pays a une longue histoire… ouverte et transparente... et nous comptons beaucoup sur la poursuite du développement de notre relation avec le peuple iranien, dans le domaine politique et économique, en résolvant des problèmes complexes, en particulier dans le domaine nucléaire ».

Mais il ne faut oublier que ce tango se danse à trois et sans doute les belles promesses de Poutine ainsi que l’annulation du voyage ont surpris les partenaires Européens qui sont aussi à la recherche d’une solution négociée... à 10 jours seulement de la fin du délai accordé par le Conseil de Sécurité à Téhéran. De source iranienne, Larijani aurait soudainement recouvert la santé, et serait en route pour Munich !

La semaine dernière, le guide avait lancé la rumeur de la création d’une OPEP du Gaz et il avait irrité le partenaire Russe qui ne lui en a pas tenu rigueur et a sans doute demandé un geste de compensation qui s’est traduit par l’envoi d’un émissaire à Moscou pour trouver une solution par l’intermédiaire de la Russie. Le guide a dû annuler le voyage de Larijani en Europe pour ne pas rompre l’approche de réconciliation avec Poutine.

A présent, il tente de préserver son amitié avec l’Europe. C’est pour la bonne cause : retarder une aggravation des sanctions à l’ONU, mais combien de temps encore les mollahs joueront-ils à ce jeu ? L’Amérique dispose aussi des moyens de pression sur les Russes. Le temps est aux bricolages car les mollahs refusent d’accéder aux demandes de l’ONU afin de ne pas renoncer au nucléaire qui est surtout un atout dans leur chantage américain.

Un chantage pour obtenir un sauf-conduit pour le Hezbollah ! [1] En d’autres termes, les mollahs ne veulent pas s’assagir et ils veulent conserver le Hezbollah qui leur permet de faire du chantage quand ils le désirent. Ils ont déjà leur dissuasion qui n’est pas atomique mais Terroriste : c’est-à-dire fondée sur le chantage et la menace.

A la veille de la commémoration de la révolution islamique, ces péripéties autour du voyage de Larijani sont un hommage involontaire à 28 ans de crise permanente. Ce régime a été terroriste et le restera. Avis à ses partenaires.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + sur l’état de la crise :
- Iran : Au risque d’être ennuyeux…
- (19.01.2007)

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| Mots Clefs | Nucléaire : Crise & Escalade |

| Mots Clefs | Nucléaire : TROÏKA / IRAN |

| Mots Clefs | Nucléaire : Proposition Russe |

[1] Garanties de Sécurité pour le Hezbollah ? | L’instabilité de la région permet aux mollahs de se poser en arbitre de la confusion. Cette confusion ne peut exister que si les mollahs ont des agitateurs sur place.

Tel est le fondement de leur stratégie, ils restent en retrait et laissent faire des intermédiaires : le Hamas, le Hezbollah et même la Syrie. C’est pourquoi le Hezbollah est une nécessité vitale pour les mollahs.

Le Hezbollah garantit la politique de nuisance régionale des mollahs et au retour les mollahs doivent trouver un cadre international qui garantisse le Hezbollah. La communauté internationale s’y oppose (avec des nuances). C’est pourquoi le régime des mollahs doit faire peur à une très grande échelle afin de pousser les Européens et surtout les Américains à consentir à accepter un compromis : un statut quo sur le Hezbollah.

La guerre libanaise de l’été 2006 et la main mise des mollahs sur l’Irak comme leur implication dans les évènements de la Somalie ou leur espionnage en Afghanistan ont confirmé l’hyperactivité du Hezbollah qui entend s’affirmer comme un composant incontournable en Orient comme en Afrique, en attendant son déploiement en Amérique du Sud. L’ensemble des crises actuelles où sont impliqués les mollahs tourne autour de la reconnaissance des Garanties régionales de sécurité pour la république islamique d’Iran. Les mollahs veulent rester au pouvoir et conserver le leadership de l’islamisme révolutionnaire. Ils doivent mettre Bush dans une situation impossible afin qu’il cède au sujet du Hezbollah.
TEXTE REPRIS DU SITE IRAN RESIST