14.2.07

SOYEZ FORTS ET COURAGEUX

14 février 2007 -
par Isy Leibler* |
The Jerusalem Post 10 février 2007 |
Traduction pour INFO’SION par Nicole Benattar

Cette semaine, plus de 100 dirigeants, intellectuels et militants juifs d’Israël ou de la Diaspora vont se réunir à Jérusalem pour participer au Forum Global sur l’Antisémitisme organisé par le Ministère des Affaires Etrangères. Cette conférence pourrait constituer le lancement d’un nouveau mouvement international qui prendrait l’offensive dans la guerre idéologique.

Il y a une certaine ironie à penser que les fondateurs sionistes de l’état prédisaient que la création d’Israël mènerait à une normalisation du peuple juif mettant ainsi fin à l’antisémitisme.

Aujourd’hui, il suffit de déplier un journal pour y trouver des articles déprimants prédisant un avenir sombre pour les communautés juives d’Europe en particulier, voire leur fin. Ces articles ont en commun un leitmotiv effarant : pour la première fois depuis 60 ans, on accuse les Juifs ou les sionistes (les deux mots sont interchangeables) d’incarner le Mal et à ce titre, ils doivent être excisés comme un cancer.

Outre, ces menaces de génocide nazi, le pays est confronté à un nouveau danger existentiel.

Il convient de noter que presque toutes les catastrophes dans l’histoire des Juifs furent précédées par des périodes d’intense diabolisation. Cela fut le cas avant les Croisades, avant l’expulsion d’Espagne, avant les pogroms en Europe Orientale et bien sûr avant la solution finale. C’est à nouveau le cas aujourd’hui. Comme au Moyen Age, les Juifs sont accusés d’empoisonner les puits, de répandre la peste et d’être responsables de tous les maux de la terre.

La différence est qu’aujourd’hui Israël est devenu" le Juif des Nations", la nouvelle cible des antisémites. On ne se contente pas de diaboliser l’état juif, on entend même des Occidentaux libéraux réclamer la disparition d’Israël qui ne fut qu’une erreur historique. A l’exception notable des USA, et contre toute logique, le monde entier, et l’Europe des Lumières en particulier, voit en Israël la source du Mal, qui leur parait plus menaçant pour la paix mondiale que l’Iran ou la Corée du Nord.

Les Juifs d’Europe qui ont le courage de regarder la réalité en face, ont l’impression d’être revenus aux années 1930. Mais aujourd’hui, nombre de leurs anciens alliés libéraux les ont abandonnés. Dans un environnement aussi hostile et anti-juif, ils se demandent si leurs enfants pourront vivre en tant que Juifs en Europe.

La frénésie de haine et de délégitimation d’Israël unit même des groupes qui sont traditionnellement opposés. On voit donc manifester côte à côte des Chrétiens et des Musulmans, des socialistes et des libéraux, des gauchistes et des fascistes, des sunnites et des chiites et même hélas des Juifs égarés, qui accompagnent des mollahs fous diabolisant Israël sous la bannière "Nous sommes tous le Hezbollah."

Il se trouve même des personnes visées par les terroristes islamiques pour prétendre que si Israël n’avait pas été crée, ils n’auraient pas été confrontés à des "Musulmans désespérés."

En plus de tout cela, se profile la menace des Iraniens fanatiques fermement décidés à obtenir des armes nucléaires. Ils exploitent cette atmosphère empoisonnée pour créer une logique à notre destruction. Nos journaux publient des articles mettant en garde contre un deuxième Holocauste, et on prévoit qu’un grand nombre d’Israéliens fuiront le pays pour échapper à la catastrophe nucléaire.

De fait, l’un des buts principaux de cette conférence doit être de renforcer les communautés juives et de souligner les différences existant entre la condition juive aujourd’hui et en 1930.

Il convient de noter que nous ne sommes plus vulnérables, sans patrie et sans ressource. En dépit du fiasco de la guerre du Liban, Israël possède une des plus puissantes armées du monde, capable de vaincre tous ses ennemis, individuellement ou collectivement. Nous disposons des ressources, de la population et de la force militaire de dissuasion.

En outre, aucune communauté juive n’a été aussi puissante et riche que la communauté juive aujourd’hui aux Etats-Unis.

Notre faiblesse découle de notre échec depuis les Accords d’Oslo à nous déployer en ordre de combat pour lutter contre l’image négative d’Israël. Les dirigeants israéliens ont sciemment adopté un sionisme à profil bas afin de promouvoir l’esprit d’Oslo. Maintenant, après des années d’abandon, nous devons nous employer à rétablir la véracité des faits du conflit Israélo-arabe afin d’inverser l’image d’un Israël criminel.

Ces derniers mois ont vu une inquiétante détérioration de notre position internationale. Un nombre accru de Juifs égarés soutiennent la dissolution du caractère juif de l’état d’Israël. De son côté la presse libérale fournit une aura de respectabilité à de telles idées.

Ainsi, deux longs articles sont parus récemment dans le New York Times critiquant implicitement Abe Foxman (Anti Deffamation League) et David Harris (American Jewish Communities) pour leur condamnation de deux auteurs juifs, Tony Judt et Tony Kushner qui soutiennent implicitement la dissolution de l’état d’Israël.

Dans le passé, de telles opinions étaient généralement tenues pour extrêmes et inacceptables. Aujourd’hui, le New York Times qualifie de "Juifs libéraux" ceux qui les défendent.

Il est évident que si le démantèlement d’Israël devient une idée acceptable et respectable parmi l’élite libérale alors il est temps de sonner l’alarme.

En Grande Bretagne, la situation est encore plus grave. Les dirigeants de la communauté juive représentée par le "Board of Deputies" permettent à l’unique comité juif d’experts, le Jewish Policy Research Institute, d’être dirigé par Anthony Lerman qui souscrit personnellement et publiquement à la dissolution de l’état Juif et au retour des réfugiés arabes.

Il n’est donc pas étonnant que les Juifs britanniques aient du mal à convaincre le public qu’il est admissible de réclamer le démantèlement de l’état Juif puisque le directeur du comité d’experts juifs soutient cette ignoble option !

La conférence sur l’antisémitisme qui se tient cette semaine doit prendre d’autres problèmes en compte, en particulier évaluer l’impact négatif croissant des médias électroniques dans le contexte du lancement de la version anglaise de la chaîne Al Jazeera. Il faudra aussi débattre de la nécessité de créer une chaîne juive. Il est manifestement indispensable d’investir des ressources financières pour mettre en place une institution permanente et centralisée qui formulerait les stratégies et les initiatives.

L’autre défi consiste à intensifier la campagne d’isolation de l’Iran. Notre objectif premier est de convaincre le monde qu’une force nucléaire iranienne ne menace pas uniquement Israël et que si les mollahs fous ne sont stoppés, ils vont déclencher une catastrophe mondiale.

L’Iran n’est pas une super puissance. Au lieu de nous lamenter et de nous désespérer, nous devons déclarer clairement que les Israéliens ne resteront pas les bras croisés. Si Ahmadinejad et quelques imams illuminés sont prêts à monter au paradis avant l’heure pour avoir éliminé Israël, la majorité des Iraniens ne partage pas leur avis.

Le temps est venu de rétablir clairement la doctrine de Begin : Tout pays qui menace directement ou indirectement d’user d’armes nucléaires contre nous, verra que notre réaction sera dévastatrice.

L’histoire condamnera surement notre génération si nous n’agissons pas maintenant. Il n’est certainement pas trop tard pour neutraliser l’intense haine globale qui menace de nous engloutir.
Isy Leibler dirige le "Diaspora-Israel Relations Committe" du Jerusalem Centre for Public Affairs

TEXTE REPRIS DU SITE DESINFOS