12.2.07

TIR REUSSI DU HETZ

EDITO:
ENVOI DU HETZ DE LA BASE DE PALMAHIM EN ISRAEL.
"Le Hetz, qui n’était jusque-là qu’un concept à l’étude, devint pour Israël un projet majeur"



Israël vient de procéder ce soir avec succès à un nouveau tir d’essai de son missile antimissile Hetz (Arrow).

L’envoi du missile a été envoyé de la base de PALMAHIM. Cette base ultra-secrète est non identifiable sur GOOGLE EARTH.

Selon un article de l’Arche : Le Hetz (en français : « Flèche », parfois désigné aussi sous la traduction anglaise « Arrow ») a d’abord été planifié, vers la fin des années 80, pour répondre à la menace que faisaient planer sur Israël les missiles balistiques tirés depuis des pays comme l’Irak et l’Iran.
fév11

Par Daniel Rouach en ISRAEL

Israelvalley.com reprend un excellent article de Dan Galili (L’Arche n° 562) paru : “Israël face à la bombe iranienne. L’État juif prend très au sérieux le danger que constitue le programme nucléaire iranien.”

par Dan Galili (COPYRIGHTS – L’Arche n° 562)

Les États-Unis, intéressés par un concept qui s’inscrivait dans leur schéma d’une défense globale (ce qu’on surnommait alors, avec une certaine ironie, « la guerre des étoiles »), acceptèrent en 1988 de financer la moitié du développement d’un missile expérimental.

Le projet conçu par les chercheurs israéliens était simple, même si sa réalisation exigeait de maîtriser les technologies les plus avancées. Premier temps : un système de radar identifie le missile ennemi, aussi tôt que possible après son lancement, et il étudie sa trajectoire. Il transmet ces informations à un système de guidage qui optimise la trajectoire du missile antimissile. Ce dernier a alors pour tâche de se diriger vers le missile ennemi grâce aux senseurs dont il est doté. Puis il le détruit, soit en le touchant de plein fouet, soit en éclatant à sa proximité.

La première guerre du Golfe, en 1991, souligna l’intérêt de ce projet. L’Irak lança alors sur le territoire israélien des dizaines de missiles de type Scud (adaptation par la Corée du Nord d’un missile soviétique, dont les pays arabes sont largement équipés). La seule défense dont Israël disposait à l’époque étaient les batteries de missiles antimissiles américains Patriot, dépêchées en urgence au commencement des hostilités. Or les Patriot furent largement inopérants, et si les pertes humaines n’ont pas été importantes en Israël on le doit à l’imprécision des Scud irakiens. À la prochaine attaque, les Israéliens n’auraient sans doute pas autant de chance. Les leçons furent bientôt tirées : le Hetz, qui n’était jusque-là qu’un concept à l’étude, devint pour Israël un projet majeur.

La mission assignée au Hetz était de détruire en vol des missiles balistiques (c’est-à-dire des missiles qui, une fois tirés, retombent sur leur destination par l’effet de la force de gravitation, à la différence des « missiles de croisière », qui sont dotés d’un système de navigation et suivent des trajectoires variables) tirés depuis un site distant de 60 à 600 kilomètres. Cette définition correspondait notamment aux missiles irakiens de types Scud et Al-Hussein.

Les experts israéliens, ayant procédé à l’analyse des performances du Patriot, conclurent que sa principale faiblesse tient au fait que son radar et sa batterie de missiles ne peuvent être éloignés de plus de quelques centaines de mètres. Or l’emplacement optimal du radar est souvent fort différent de l’emplacement optimal des missiles. Les Israéliens décidèrent donc de construire le système Hetz de telle manière que les batteries de missiles, le radar et les appareils de contrôle soient distincts. Ainsi, un petit nombre de batteries peuvent défendre une grande partie du territoire, pourvu qu’elles soient reliées à des appareils de radar et de contrôle convenablement situés.

Ces informations, longtemps considérées comme relevant du secret le plus absolu, ont été révélées il y a deux ans au quotidien Haaretz par Ouzi Rubin, l’homme qui pendant plus de dix ans dirigea le projet au ministère de la défense. Le Hetz, en effet, était sorti de l’ombre. Deux batteries, comptant au total quelques dizaines de missiles, étaient déployées sur le territoire israélien, assurant la protection du pays pour le cas où Saddam Hussein aurait, comme en 1991, lancé ses Scud.

Présenté au salon du Bourget, faisant l’objet d’une production en série à la fois en Israël (dans l’usine MLM des Industries aéronautiques israéliennes, non loin de Tel-Aviv) et aux États-Unis (dans les usines Boeing), le système Hetz est partie intégrante de l’arsenal israélien. À ce jour, quelque deux milliards de dollars ont été investis dans son développement, qui se poursuit de manière intensive avec de nouvelles générations du missile et des autres équipements. Le prix unitaire du missile, évalué à 3 millions de dollars, est raisonnable si on le compare aux dégâts matériels et humains que pourrait commettre le missile ennemi que le Hetz doit détruire. On peut donc affirmer que Tsahal dispose d’une réponse aux menaces de destruction qui proviennent – entre autres – de Téhéran. Cette affirmation, cependant, demande à être précisée.

La génération actuelle du Hetz, dénommée Hetz-2, a la capacité de détruire en vol un missile de type Scud. Un certain nombre d’essais ont été conduits depuis la base de Palmahim, au sud de Tel-Aviv. À chaque fois, les paramètres de vol d’un missile ennemi fictif ont été fournis au système Hetz, déclenchant un tir effectif qui a atteint sa cible. On a même pu démontrer, lors de ces essais, la capacité qu’avait le système de lancer quatre missiles à la fois sur des cibles distinctes. Mais, pour des motifs de sécurité, il n’était pas possible de procéder en territoire israélien à un tir contre un missile réel. Or, si les simulations satisfont les ingénieurs, les généraux exigent du « vrai ». C’est donc aux États-Unis, sur la côte de Floride, qu’ont été réalisés les deux derniers essais en date. L’un fut couronné de succès : un missile « ennemi » ayant été tiré depuis un bateau, le système Hetz l’identifia et déclencha un tir de missile qui le détruisit. L’essai suivant échoua en raison d’un composant défec tueux – qui, disent les experts israéliens, devrait être bientôt remplacé sans que le programme dans son ensemble en soit retardé.

La preuve est donc faite que l’interception en vol d’un missile par un autre missile est possible. Et, bien que les essais de Floride aient été planifiés depuis deux ans, on n’a pas pu s’empêcher d’y voir une réponse aux dernières menaces iraniennes. En clair : si, suite à une action israélienne contre un ou plusieurs de leurs réacteurs nucléaires, les Iraniens déclenchaient un tir de missiles contre Israël, ces missiles trouveraient à qui parler avant d’atteindre leur cible. Mais est-ce bien certain ?

Le général Ilan Biton, responsable du projet au sein de l’armée de l’air, « planchait » récemment à la Knesset devant la commission des affaires étrangères et de la défense. Répondant aux parlementaires, il déclara que le Hetz a une « très bonne efficacité » face aux missiles de type Scud. En revanche, dit-il, il faudra lui apporter « quelques améliorations » pour faire face aux missiles iraniens de la dernière génération, de type Shahab-3. On n’en saura pas davantage. La question demeure donc posée : dans l’enchaînement des menaces, contre-menaces et contre-contre-menaces, autour duquel tourne la guerre des nerfs entre Israël et l’Iran, la crédibilité du système de défense israélien sera-t-elle suffisante pour dissuader les Iraniens de se lancer dans l’aventure ?

À cette question, les critiques en ajoutent d’autres. Ils font remarquer que la chute du bloc soviétique a engendré une prolifération de missiles de type Scud, qui se vendent à des prix défiant toute concurrence. Un pays qui attaquerait Israël aurait donc la faculté de « noyer » la défense de Tsahal sous une pluie de missiles, face auxquels les Hetz seraient insuffisants. Autre objection : on sait que plusieurs pays hostiles à Israël, parmi lesquels l’Iran, se dotent de missiles à têtes multiples. Un Hetz lancé contre un missile ennemi unique, dans sa phase de départ, se trouverait ainsi – au moment critique – face à plusieurs charges qu’il ne pourrait pas détruire toutes à la fois. Enfin, fait-on observer, la Syrie possède des missiles de haute précision qui peuvent être tirés depuis des sites proches d’Israël ; face à ces missiles-là, le Hetz serait inopérant puisqu’il n’aurait pas le temps de les intercepter. Bref, le Hetz ne serait qu’une étape supplémentaire dans la course aux armements entre Israël et les États de la région, mais pas une arme décisive.

Les responsables de Tsahal et du ministère israélien de la défense ont des réponses à la plupart de ces remarques. La prolifération des missiles Scud ne leur semble pas être un problème sérieux. En effet, disent-ils, le facteur déterminant n’est pas le nombre des missiles mais l’infrastructure logistique nécessaire pour les mettre à feu et les orienter de manière efficace. Le scénario-catastrophe d’un déluge de missiles tombant simultanément sur Israël est donc très peu vraisemblable. Et au cas où l’ennemi se donnerait pour objectif de désorienter la défense israélienne en lui opposant un grand nombre de missiles tirés au hasard, cette éventualité a été prise en compte : le système Hetz sait calculer la trajectoire d’un missile attaquant, et si le point de chute de celui-ci est une zone inhabitée on ne tirera aucun missile contre lui.

Concernant les missiles à têtes multiples, dont la charge active se divise en cours de trajectoire, cette division implique, par définition, une division de la menace. Or une charge nucléaire est très lourde. Dans l’état actuel de la technologie, il est exclu qu’un missile attaquant Israël avec une charge nucléaire porte davantage qu’une seule tête. Les Iraniens (et d’autres agresseurs éventuels) devront donc faire un choix préalable : soit procéder à une attaque nucléaire, avec un missile à tête unique et donc interceptable par le Hetz – après qu’auront été apportées les « quelques améliorations » auxquelles a fait allusion le général Biton -, soit utiliser un missile à têtes multiples, ce qui implique une renonciation à l’arme nucléaire. Dans la deuxième hypothèse, l’existence du Hetz aura donc contraint l’agresseur à réduire le niveau de sa menace.

Reste le danger d’une attaque à la fois non nucléaire et non conventionnelle, par des missiles porteurs de charges bactériologiques et chimiques. Contre ce danger, qui avait été pris en compte lors des deux guerres du Golfe, il existe des parades relevant de la défense passive. De plus, la tête chercheuse du Hetz est capable d’identifier, quelques minutes avant l’impact, la nature de la charge du missile ennemi, et de réagir en conséquence. Et les essais réalisés ont prouvé que le Hetz pouvait détruire intégralement une charge chimique, à une altitude telle qu’il n’en résulterait aucune retombée en territoire israélien.

Quant au cas particulier de la Syrie (qui est, avec son satellite libanais, le seul pays limitrophe d’Israël à n’avoir pas conclu avec lui un traité de paix), il est prévu lui aussi dans les plans de l’état-major. Si les Syriens décident d’avancer leurs missiles vers la frontière israélienne, ils seront certes hors de portée des Hetz mais ils seront vulnérables pour l’aviation israélienne. S’ils décident de les reculer afin de les mettre à bonne distance, ils perdront l’effet de surprise et seront vulnérables aux contre-mesures de Tsahal.

Ainsi, si le système Hetz n’est pas une panacée contre les diverses menaces visant Israël, il s’inscrit bien dans une logique globale de défense. En cas d’attaque surprise contre Israël, et a fortiori en cas de représailles suite à une attaque de Tsahal, le territoire israélien et ses habitants ne seraient donc pas une proie aisée. Le chantage aux attaques contre les civils est moins crédible qu’il n’était jadis. Et les Iraniens en sont certainement conscients. Cela suffira-t-il pour les faire évoluer vers une position plus raisonnable ?

« Deux poids, deux mesures » ?

TEXTE REPRIS DU SITE ISRAEL VALLEY