20.1.08

LA REPUBLIQUE,REMPART CONTRE LE NOUVEAU RACISME

Face aux nouvelles formes de racisme, le journaliste Ivan Levaï et le député maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault,s'appuient sur les valeurs de la République.
En Loire-Atlantique, les dernières condamnations pour propos racistes remontent à 2002 et 2004. Et même si de jeunes extrémistes s'en sont pris récemment au chantier d'une mosquée nantaise, le racisme classique a pris un coup de vieux.

« La discrimination l'a remplacé. C'est un racisme sournois, le pire des racismes, puisqu'en empêchant quelqu'un de travailler et de se loger, on le sort de la société », rappelle Patrick Gaubert, président national de la Licra, la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme. Alors, qu'est-ce qu'être antiraciste aujourd'hui ? La question était posée, hier après-midi, à Nantes, ville dont le député-maire, Jean-Marc Ayrault, est d'ailleurs adhérent de la Licra. Le chercheur Jacques Tarnero a pris tout le monde à rebrousse-poil en dénonçant le « racisme à l'envers » développé par les victimes, et en pointant les rapports sociaux qui s'organisent sur des bases ethniques ou religieuses. Gaulois, feujs, rebeus... « Terrifiant », dit-il à propos de ce qu'il voit sur internet.« C'est le reflet d'une société éclatée », constate le député-maire de Nantes, qui renvoie aux injustices, et à la crise sociale. Elles dévalorisent les valeurs de la République, et laissent le champ libre à « l'exploitation des désarrois ». Son credo : réaffirmer sans cesse ces valeurs. C'est aussi l'avis du journaliste Ivan Levaï. « L'antiracisme, c'est simple. C'est la République, l'école laïque, la lettre de Jules Ferry aux instituteurs, le droit du sol, le refus du bouc émissaire qui, au fil du temps a été le polack, le rital, l'espingouin, le youpin, et aujourd'hui la racaille... » Non aux quotasIl est question de quotas. « Ça m'énerve », réagit le chroniqueur de France Inter : « On finira par compter le nombre de noirs et pourquoi pas d'homosexuels à la télé... » Non aux quotas, insiste aussi Jean-Marc Ayrault, « Il ne faut pas céder là-dessus. » En revanche, il ne veut pas d'une République qui nivelle comme un rouleau compresseur. « La diversité est une richesse. Il faut mettre en valeur les parcours afin que chacun soit fier, à la fois de ses origines et de son appartenance à la République française. »Dans son costume d'empêcheur de penser en rond, Jacques Tarnero s'en prend aux revendications des « indigènes de la République ». « Une culture du ressentiment liée à l'échec du modèle d'intégration de la république. Cette culture du ressentiment est mortifère. On n'est pas esclave, ni colonisé, de père en fils. » Au passé ressassé et aux règlements de comptes, il oppose la « communauté de destin ». Mais, un brin pessimiste, il notera que les « forces de destruction » de cette communauté sont à l'oeuvre. Y compris à la télévision, dont le chercheur dénonce « l'obscénité et la vulgarité absolue » d'émissions (il cite celles de Cauet) participant à la « décivilisation » dénoncée par le philosophe Alain Finkielkraut.
Marc LE DUC.
Ouest-France