27.1.08

LE VENEZUELA SERA-T-IL JUDENREIN ?

27 janvier 2008 - Par Mona Charen |
Adaptation française de Sentinelle 5768 ©

Le 1er décembre 2007, deux douzaines de policiers lourdement armés ont monté un raid sur un Centre communautaire juif à Caracas, où plusieurs centaines de personnes célébraient un mariage. La police, équivalent vénézuélien du FBI*, déclara être à la recherche d’armes et de preuve « d’activité subversive ».

Ils ne trouvèrent pas d’armes. En ce qui concerne l’activité subversive, eh bien, dans un état de modèle autoritaire comme celui d’Hugo Chavez au Venezuela, la subversion est un concept très élastique. Le moindre scepticisme sur le régime de Chavez peut facilement être retenu.

Ce fragment de scène de harcèlement n’était que le dernier d’une série de décisions préoccupantes de la part du gouvernement Chavez contre ses citoyens juifs. Le même centre communautaire avait fait l’objet d’un raid en 2004, aux heures matinales, quand les enfants sont transportés en bus à l’école. Le régime - qui se targue d’une chaude amitié avec l’Iran d’Ahmadinejad et le Cuba castriste - s’est aussi engagé dans une propagande antisémite et anti-israélienne constante. Il y a un peu plus d’un an, Chavez, déclara dans un discours un soir de Noël, que « le monde dispose de richesses pour tous, mais certaines minorités, les descendants mêmes du peuple qui avait crucifié le Christ, s’étaient emparé de toutes la richesse du monde ».

Pendant la guerre de 2006 entre le Hezbollah et Israël, Chavez devint de plus en plus strident, accusant les Israéliens de se comporter comme des nazis. Lors d’une récente visite à Washington D.C., Gustavo Aristegui, le ministre des affaires étrangères du cabinet fantôme du parti d’opposition en Espagne, révéla à un groupe de l’« Hudson Institute** » que le Hamas et le Hezbollah opèrent maintenant librement au Venezuela. Des publications du ministre de la culture du gouvernement ont figuré des titres comme « la question juive » avec un dessin de couverture montrant une étoile de David en surimpression sur une croix gammée. Des Juifs ont été accusés de complicité dans le meurtre d’un procureur. Un article paru dans un journal important, ‘El Diario de Caracas’, a demandé s’il ne serait pas nécessaire « d’expulser [les Juifs] du pays ».

Plus récemment, comme le journal ‘Forward’ l’a rapporté, Chavez a utilisé la chaîne de télévision dirigée par le gouvernement pour entamer de « longues divagations sur la présence d’agents du Mossad, travaillant prétendument dans le pays, pour déloger le régime de Chavez avec le soutien des Etats-Unis, et des forces d’opposition au Venezuela ». L’animateur du programme l’interrompit pour l’interroger sur la loyauté des Juifs au Venezuela.

Au début du règne de Chavez, la communauté juive au Venezuela comptait environ 30.000 membres. Des statistiques solides sont difficiles à obtenir, mais la plupart des estimations à ce jour situent ce nombre entre 8.000 et 15.000. Environ 50 % de la communauté juive du Venezuela s’est réfugiée dans ce pays pour échapper aux nazis pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Ni eux, ni leurs enfants n’ont besoin d’être beaucoup poussés pour sentir le danger. Les raids, la propagande, la presse hostile, peuvent avoir suffi. Mais ensuite, considérez ceci : l’homme que Chavez a chargé de la sécurité intérieure est Tarek al Assaimi, fils de l’émissaire de Saddam Hussein au Venezuela.

Vous pourriez vous attendre à un tollé de la part des autres Juifs à travers le monde - et il y en a eu. Mais à l’intérieur des USA, nombreux parmi les dirigeants des grandes organisations juives cherchent à étouffer ceux, comme le rabbin Avi Weiss et le rabbin Shmuel Herzfeld de la « Coalition for Jewish Concerns*** », qui pressent les membres du congrès de tenir des auditions sur la question. Weiss a rapporté que le Représentant Elliott Engel (Dem., New York) voulait convoquer une audition, mais en a été dissuadé par la Conférence des Présidents des plus importantes organisations juives américaines.

Dina Siegel Vann, s’exprimant au nom du Congrès Juif Américain [AJC], a publié un éditorial de Une dans le ‘Miami Herald’, râlant contre ceux qui veulent rendre cette protestation aussi audible que possible en public. « Crier et hurler depuis le havre de sûreté des USA peut faire du bien à certains, écrit-elle, mais le but de l’exercice n’est pas de satisfaire leurs besoins ; plutôt, il est d’assurer la sécurité et le bien-être de milliers de Juifs vénézuéliens... » Son titre : « Usons de diplomatie, pas de protestations publiques ».

Bien, la diplomatie a sa place, mais cela ne suffit pas. Quand l’Union soviétique refusait les visas de sortie aux Juifs souhaitant émigrer, et persécutait ceux qui cherchaient à partir, seules les protestations persistantes, à voix forte des Juifs aux USA et ailleurs (associées aux action du Congrès) ont conduit les Soviétiques à céder. Bill Buckley plaisantait à l’époque, disant qu’il espérait que les Soviétiques libèrent tous les Juifs qui voulaient émigrer sauf un - pour garder bien vivante la pression juive qui était si utile dans la Guerre Froide plus vaste. Les Juifs vénézuéliens eux-mêmes ont demandé une telle pression internationale. Ils pensent que Chavez est très sensible à l’opinion internationale. Il serait naïf de ne placer sa confiance que dans la seule diplomatie.
Notes du traducteur :

*Le FBI est l’équivalent de la DST en France, en charge de la surveillance intérieure du territoire.

** L’Hudson Institute est l’un des plus fameux Think Tank aux USA, centre de réflexion stratégique privé

*** “Coalition for Jewish Concerns” : CJC, association animée par des rabbins orthodoxes, qui a son siège à New York, et a pour vocation de défendre les communautés juives en danger dans le monde.

http://www.townhall.com/columnists/MonaCharen/2008/01/25/will_venezuela_be_judenrein

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