29.3.08

CAMP ARABE CONTRE CAMP IRANIEN AU SOMMET DE LA LIGUE ARABE

Courrier International | Ha’Aretz | AP

"Ils ne seront pas nombreux les chefs d’Etat arabes qui prendront la peine de se déranger pour assister au sommet annuel de la Ligue arabe qui doit se tenir les 29 et 30 mars à Damas", souligne le quotidien israélien Ha’Aretz. En effet, sur les vingt-deux pays membres, le Liban sera totalement absent de cette réunion alors que l’Egypte et l’Arabie Saoudite ont décidé d’envoyer des délégations de moindre rang, suivis en cela par une dizaine d’autres pays.

"L’Egypte et l’Arabie Saoudite souhaitent ainsi marquer leurs divergences avec le régime syrien, accusé d’entraver l’élection d’un président au Liban. Toutefois, sanctionner le pays hôte ne résout en rien la crise libanaise et ne fait que mettre en avant le gouffre qui sépare les camps. Il ne s’agit plus du traditionnel clivage entre "modérés" et "extrémistes". Mais d’une opposition entre "le camp arabe" et "le camp iranien".

D’ailleurs la présence à ce sommet du ministre des Affaires étrangères d’Iran - qui n’est pas un pays arabe et pas membre de la Ligure arabe - en dit long sur le rôle de Téhéran dans ces divisions", poursuit le quotidien de Tel-Aviv.

"Ce sommet sera peut être considéré comme le plus grave échec de l’histoire de la Ligue arabe. Mais il montre combien la Syrie, malgré son isolement, est en train de devenir l’Etat le plus important au niveau régional. La question serait maintenant de savoir quelles sont les propositions de l’Egypte et de l’Arabie Saoudite pour résoudre la crise libanaise et pour soustraire le Hamas à l’influence de la Syrie et de l’Iran afin de trouver une issue aux conflits interpalestiniens."
Le Hamas appelle la Ligue arabe à abandonner tout espoir de paix avec Israël

The Associated Press - 28/03/08

Le Hamas a appelé vendredi les pays de la Ligue arabe à abandonner l’initiative de paix au Proche-Orient proposée par l’Arabie saoudite et à soutenir sa lutte armée contre Israël.

Environ 2.000 partisans du Mouvement de la résistance islamique se sont rassemblés vendredi dans la Bande de Gaza, alors que doit s’ouvrir samedi le sommet annuel de la Ligue arabe à Damas, en Jordanie. Le Hamas n’a pas été convié au sommet, auxquels plusieurs dirigeants arabes ne se rendront pas.

Khalil al-Haya, responsable du Hamas, a appelé la Ligue arabe à se joindre à la lutte armée de son mouvement contre Israël.

"Rompez tous les liens avec Israël, retirez l’initiative arabe", a-t-il lancé lors de ce rassemblement. "L’ennemi sioniste n’a pas de vision de paix. Seuls la force, le combat et la guerre sainte fonctionnent" contre l’Etat hébreu, a-t-il précisé.

L’initiative de paix proposée par l’Arabie saoudite en 2002 prévoit la paix entre Israël et tous les pays arabes en échange du retrait israélien des territoires annexés lors de la guerre des Six-Jours en 1967, la création d’un Etat palestinien avec Jérusalem comme capitale, et une solution à la question des réfugiés palestiniens.

Israël a rejeté l’initiative dans le passé, mais l’a récemment évoqué en des termes positifs.
Absences remarquées au sommet de la Ligue arabe de Damas

La Presse Canadienne

DAMAS - Désistements en série pour le sommet de la Ligue arabe organisé à Damas ce week-end. Les chefs d’Etat de neuf des 22 pays membres -dont des "poids-lourds" comme l’Arabie saoudite, l’Egypte et la Jordanie-ont décidé de bouder la réunion, marquant ainsi leur désapprobation de la position syrienne sur le Liban et le conflit israélo-palestinien.

Ces absences remarquées constituent un motif d’embarras pour le président syrien Bachar el-Assad, dont le gouvernement avait espéré que la rencontre, présentée comme "le sommet de l’action arabe conjointe", rehausserait le prestige de Damas dans la région. Mais elles pourraient aussi renforcer l’alliance de la Syrie avec l’Iran, le mouvement palestinien Hamas et le Hezbollah chiite libanais.

Outre Bachar el-Assad, les têtes d’affiche du sommet de cette année sont le numéro un libyen Mouammar Kadhafi et le président soudanais Omar el-Béchir, arrivés avec d’autres délégations vendredi.

Au lieu d’être représentés par leur chef d’Etat ou même leur Premier ministre ou leur ministre des Affaires étrangères, l’Arabie saoudite, l’Egypte, la Jordanie et le Liban ont décidé de n’envoyer que des responsables de second plan. La délégation égyptienne sera ainsi conduite par le ministre chargé des relations avec le Parlement tandis que Riyad et Amman devaient dépêcher leurs ambassadeurs auprès de la Ligue arabe.

De son côté, le Liban a décidé de boycotter complètement la réunion : c’est la première fois qu’un pays membre refuse d’envoyer une délégation depuis que les sommets annuels de la Ligue ont été instaurés en 2000. Beyrouth accuse la Syrie de faire obstacle à l’élection du général Michel Sleimane à la présidence libanaise, vacante depuis le 23 novembre sur fond de grave crise politique au pays du Cèdre.

Même le président du Yémen, Ali Abdullah Saleh, a décidé vendredi de ne pas faire le voyage et d’envoyer à la place son vice-président, peut-être pour se faire bien voir de son voisin saoudien ou parce qu’une proposition yéménite de réconciliation entre le président palestinien Mahmoud Abbas et le Hamas avait peu de chances d’être approuvée.

Les alliés arabes des Etats-Unis s’irritent de la position syrienne sur le Liban, demandant à Damas de faciliter l’élection d’un président dans le pays. Le scrutin, qui doit avoir lieu au Parlement libanais, a été reporté lundi pour la 17e fois depuis le mois de septembre en raison de désaccords persistants entre la majorité anti-syrienne et l’opposition emmenée par le Hezbollah. Les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et l’Egypte sont favorables au gouvernement du Premier ministre libanais Fouad Siniora alors que la Syrie soutient, à l’instar de l’Iran, le Hezbollah.

Les pays arabes, à majorité sunnite pour la plupart, s’inquiètent également de l’alliance de Damas avec l’Iran chiite. "Alors qu’Assad mise (sur Téhéran), l’Egypte et l’Arabie saoudite ne peuvent accepter le leadership de l’Iran sur la région", écrit le chroniqueur Meshari al-Thaidi dans le quotidien saoudien "Asharq Al-Awsat".

Damas accuse les Etats-Unis de chercher à torpiller le sommet, laissant entendre qu’Amman, Le Caire et Riyad ont décidé de ne pas être représentés au plus haut niveau à la demande de Washington. Le ministre syrien des Affaires étrangères Walid al-Moallem a reproché jeudi à Washington de vouloir "faire obstacle" au sommet.

Concernant Israël, Damas semble vouloir placer la réunion sous le signe de la fermeté. Le gouvernement syrien souhaite que la Ligue se prononce en faveur d’une date-butoir à propos de l’acceptation par Israël du plan de paix arabe pour le Proche-Orient, parrainé par l’Arabie saoudite et présenté pour la première fois en 2002. Un plan que jusqu’ici l’Etat hébreu a refusé d’accepter formellement.

Pour sa part, Khaled Meshaal, dirigeant du Hamas basé à Damas, demande au sommet de soutenir la "résistance légitime" de son mouvement contre Israël. Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, n’a pas été convié à la réunion, contrairement au président palestinien. Le Hamas a également appelé vendredi les pays de la Ligue arabe à abandonner l’initiative de paix arabe pour le Proche-Orient.

"On distingue maintenant deux pôles : l’Iran, la Syrie, le Hamas et le Hezbollah d’un côté, et les autres pays de l’autre", analyse Wahid Abdel-Meguid, du Centre pour les études politiques et stratégiques, basé au Caire.