21.3.08

IRAN : LA " COHABITATION PERMANENTE " !

« Le futur Majlis iranien sera dominé par des conservateurs divisés », tel est le titre du dernier article du Monde écrit par Marie-Claude Decamps (avec l’AFP). Il y a deux jours, Georges Malbrunot avait écrit un texte similaire dans le Figaro sur la base d’une même dépêche de l’AFP qui détient ses infos de la principale agence de presse iranienne, l’IRNA.
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Selon cette version désormais figée et répétée par tous les journalistes français basés à Téhéran, « le futur Parlement sera largement dominé par les soi-disant ultra-conservateurs, sans pour autant s’aligner sur les positions ultraconservatrices du président Mahmoud Ahmadinejad, car la grande coalition conservatrice des « défenseurs des principes » serait loin d’être uniforme ».

Fort heureusement, cette « version officielle » correspond à notre prévision publiée sur ce site le 7 mars soit une semaine avant le scrutin : en dépit d’un changement de coloration politique, nous restons dans un schéma familier de la république islamique d’Iran : la dualité ou la guerre des clans ! Cette Cohabitation Permanente n’est pas due à un hasard du calendrier électoral : elle est la trame de base du régime. D’ailleurs, elle existe depuis les débuts sanglants du régime des mollahs sous la forme d’une mésentente factice entre Khomeiny et Bazargan !

Cette cohabitation factice, permanente et ultra-médiatique a toujours eu pour mission d’entretenir l’espoir chez les interlocuteurs étrangers du régime. Les acteurs de cette comédie changent et parfois même changent de rôle, mais la trame reste en place.

Ainsi Khamenei a été successivement un président semi-modéré, puis un Guide Suprême ultra-conservateur opposé au président réformateur Rafsandjani (ex-ultra-conservateur) qui se re- mua en conservateur anti-réformes du temps de Khatami !

L’important pour le régime est de faire perdurer ces jeux de rôles et le mythe d’une division interne aussi opaque et indéchiffrable que possible… un peu comme les analyses d’Alexandre Adler ! [1]

En introduisant de nouveaux acteurs (non-décideurs) dans cette comédie de cohabitation permanente, le régime s’assure du succès renouvelé de cette opacité intrigante. Cette mise en scène assure la survie du régime : personne ne doit pouvoir dire qui décide ou quel courant pourrait devenir dominant dans les prochaines années. D’évidence, l’objectif du régime est de perdre ses interlocuteurs étrangers dans son labyrinthe invisible.

L’AFP qui a signé un contrat d’échange de données avec la principale agence de presse du régime l’IRNA est devenue un intermédiaire de choix pour diffuser des rumeurs de source iranienne qui sont censées informer les observateurs étrangers sur la nouvelle mouture de la cohabitation permanente.

Le régime des mollahs peut également compter sur des journalistes peu contrariants comme Jean-Pierre Perrin, Vincent Hugeux, Marie-Claude Descamps ou Delphine Minoui pour recycler dans le cadre d’articles publiés par les grands quotidiens ces mêmes rumeurs. Avec le label AFP, Libé, le Monde ou Figaro, la rumeur devient la nouvelle vérité écrite des médias.

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