18.3.08

UN OPPOSANT SYRIEN ACCUSE DAMAS DE L'ASSASSINAT DE MAGHNIEH

Comment le Hezbollah va-t-il gérer cette "bombe à retardement" ?
par Mediarabe.info


Comme MediArabe.info l’avait souvent évoqué, la piste syrienne dans l’assassinat du chef militaire du Hezbollah Imad Maghnieh semble se confirmer de plus en plus. Un opposant syrien vient d’accuser officiellement les Services syriens de cet assassinat, mettant dans l’embarras le régime syrien, quant à sa relation avec le Hezbollah et l’Iran.

En effet, le site « Elaph.com », reprenant une dépêche d’AFP, souligne que « le secrétariat général de la “Déclaration Beyrouth-Damas” a accusé, lundi, le régime syrien d’avoir assassiné Imad Maghnieh, le principal chef militaire du Hezbollah, à Damas, le 12 février dernier ». Dans son communiqué, la “Déclaration Beyrouth-Damas” interprète en effet des propos du ministre syrien des Affaires étrangères accordés au quotidien koweïtien « Al-Anbaa » (édition du 16 mars), dans lesquels « Walid Al-Moallem distille de nombreux mensonges qui attestent de la culpabilité syrienne ».

En effet, le chef de la diplomatie syrienne est revenu, dans son interview à « Al-Anbaa », sur les mesures de sécurité qui entouraient Maghnieh pendant ses déplacements en Syrie. Il a rappelé que son assassinat était « presque une banalité puisque l’homme circulait sous des faux noms, et résidait dans un quartier populaire où ses voisins pensaient qu’il était un chauffeur de taxi ». Pour l’opposition syrienne, ces propos sont mensongers car le quartier de Kfarsoussa, un fief des Renseignements, est loin d’être un quartier populaire. Le prix des appartements y dépasse le million de dollars.

Pour l’opposition, ces mensonges, et les faits sur le terrain, notamment le retrait de la voiture piégée, et le lavage de la route et du trottoir, culpabilisent le régime. Selon l’interprétation de la “Déclaration Beyrouth-Damas”, « les Services syriens sont impliqués dans l’élimination de Maghnieh, pour le compte d’Israël ».

Rappelons que la “Déclaration Beyrouth-Damas” est un mouvement d’opposition syrien, fondé en septembre 2007 par l’ancien député syrien Maamoun Al-Homsi. Celui-ci avait contribué au Printemps de Damas, un mouvement d’ouverture encouragé par Bachar Al-Assad dès son arrivée au pouvoir, en 2000, et réprimé par la suite. Assad avait appliqué une vieille stratégie : « laisser apparaître les opposants pour mieux les compter » ! Il avait fait arrêter et emprisonner Homsi, ainsi que des dizaines d’autres intellectuels. Homsi a passé cinq années en prison (2001-2006) et a réussi à s’enfuir à la faveur de sa libération, après le décès de son père. Fondant la Déclaration Beyrouth-Damas, il revendique plusieurs membres de l’opposition, en Syrie même. Son mouvement réclame « l’assainissement des relations entre la Syrie et le Liban, sur les bases d’un partenariat équitable entre deux pays souverains ».

Reste aujourd’hui à savoir comment la Syrie, le Hezbollah et l’Iran, vont-ils gérer ce manque de confiance découlant de l’élimination de Maghnieh ? D’autant plus que Damas a rejeté toute participation de ses alliés à l’enquête. Pis encore, les Syriens refusent de les informer sur l’évolution de l’enquête. Il est fort à parier qu’il s’agit d’une manœuvre syrienne qui consiste à distribuer les accusations toutes prêtes aux pays arabes ou étrangers, en fonction des besoins. Ainsi, les pays arabes qui refusent de participer au prochain sommet arabe de Damas auront leur part de responsabilité. Un chantage supplémentaire au détriment du Hezbollah, lequel, pour des raisons stratégiques, est obligé d’avaler davantage de couleuvres.

MediArabe.info

Lire l'article original : Elaph.com