4.5.08

ISRAEL : LA MENACE IRANIENNE

Par Christian Brunel
Le Journal du Dimanche pour leJDD.fr

Alors que les services de renseignements américains ont justifié un raid israélien par la présence d’une installation nucléaire en Syrie, c’est de nouveau l’Iran qui inquiète. Selon un rapport des services secrets d’Israël, la République islamique pourrait se doter de l’arme atomique d’ici la fin de l’année. De quoi redoubler de vigilance, mais aussi de menaces.

Le régime des ayatollahs iraniens doté de l’arme nucléaire : ce scénario qui relève du cauchemar pour Israël pourrait devenir réalité avant la fin de l’année. Telle est la conclusion d’un rapport des services secrets israéliens été transmis cette semaine aux responsables américains et britanniques. Lors de leur précédente évaluation, les "experts " israéliens sur la foi de photos satellite, d’interceptions de communications et d’informations fournies par des transfuges avaient estimé que l’Iran ne disposerait de suffisamment d’uranium enrichi pour produire ses premières bombes atomiques que dans un ou deux ans.

Résultat : les responsables israéliens évoquent de plus en plus clairement la menace d’une attaque contre les installations nucléaires de l’Iran dont les dirigeants proclament ouvertement qu’ils souhaitent "rayer Israël la carte". Au nom d’une "doctrine" élaborée il y a plus de 25 ans par l’ancien Premier ministre Menahem Begin, l’Etat hébreu estime en effet avoir le droit d’agir militairement pour empêcher les pays du Moyen-Orient de se doter d’armes de destruction massive notamment nucléaires qui pourrait être utilisées contre Israël.

Cette "doctrine" n’est pas restée lettre morte. En 1981, l’aviation israélienne a rasé une centrale nucléaire en Irak construite avec l’aide de la France. Tout récemment encore, au mois de septembre dernier la chasse israélienne a frappé de nouveau en Syrie contre ce qui a été présenté comme un réacteur nucléaire installé secrètement par la Corée du nord. Israël a obtenu le feu vert des Américains pour mener cette attaque après leur avoir transmis un dossier complet sur ces installations.

Israël surveille constamment l’Iran

"Nous avons présenté aux Américains du matériel parfait", souligne un colonel, ancien responsable des renseignements militaires chargé du dossier iranien. George W. Bush a ensuite mis ces derniers jours les points sur les "i" en affirmant que la divulgation des mois après l’opération israélienne de photos et de détails sur l’objectif visé en Syrie constituait un avertissement adressé à l’Iran.

Sur le plan militaire, l’Etat hébreu dispose d’une nouvelle génération d’avions de chasse américains dont le rayon d’action a été allongé afin de pouvoir mener des missions de plus de millier de kilomètres en Iran et revenir à la leur base sans avoir à être ravitaillés en vol. De plus, Israël dispose de son propre réseau de satellites espions qui surveille constamment tous les sites considérés comme "suspects" disséminés en Iran. Bref, les militaires israéliens ont de quoi très sérieusement retarder le programme nucléaire iranien.

Pour le moment toutefois, Ehoud Olmert affirme vouloir donner une dernière chance à la voie diplomatique en espérant que la communauté internationale, aiguillonnée par les Américains mais aussi par Nicolas Sarkozy qui a pris une position en flèche sur l’Iran, contraindra Téhéran à geler ses ambitions nucléaires en imposant des sanctions économiques beaucoup plus dures que celles en vigueur actuellement. Cette campagne de pression n’a toutefois pas eu d’effet jusqu’à présent sur les dirigeants iraniens bien décidés à remporter la course contre la montre engagée actuellement.

" Tous les moyens sont légitimes "

"Les Iraniens veulent être en mesure d’imiter le plus vite possible les Coréens du Nord qui utilisent l’arme nucléaire pour contraindre les Américains à mener envers eux une politique de la patte de velours et à renoncer à tout projet d’attaque contre leurs installations atomiques", ajoute le colonel israélien.

Seule certitude en tout cas, les dirigeants israéliens haussent de plus en plus le ton, histoire de faire monter la pression en laissant clairement entendre qu’ils feront tout pour faire échouer un scénario catastrophe. Shaoul Mofaz, le vice-Premier ministre a annoncé la couleur lors d’une visite cette semaine aux Etats-Unis : "Israël ne permettra pas que l’Iran devienne une puissance nucléaire, tous les moyens sont légitimes pour empêcher qu’une telle chose se produise."