13.10.08

ANTISEMITISME A LA ROUMAINE...

par Shraga Blum
arouts sheva



Il est israélien d’origine roumaine, installé à Bucarest depuis 13 ans, et surtout, il est député au parlement roumain. Ou plutôt, il l’était! Naty Meïr vient d’annoncer son intention de remettre son mandat du fait de « l’antisémitisme croissant dans le pays ». En même temps que cette annonce spectaculaire, il lance un appel aux nombreux hommes d’affaires juifs ou israéliens qui séjournent en Roumanie : « Les temps à venir vont être très difficiles pour les Juifs dans ce pays, et je leur demande de réfléchir à deux fois avant de s’installer ici. L’idylle des relations israélo-roumaines touche à sa fin ! ».


Meïr explique sa décision : « Depuis que je suis revenu m’installer en Roumanie, je constate que les manifestations d’antisémitisme sont en augmentation constante. Impuissant face à cette situation, j’ai donc décidé de faire un geste spectaculaire ». Le député accuse principalement le Parti de la Grande Roumanie, formation nationaliste de gauche, et celui de la Nouvelle Droite, « dont les déclarations et manifestations antisémites ne sont pas combattues avec la vigueur nécessaire, malgré une législation existante, et dont les idées propagées ces formations font leur chemin dans la population roumaine ».

La Parti de la Grande Roumanie, de tendance Nationale-communiste, est dirigé par le charismatique Cornelia Vadim Tudor, et l’un de ses dirigeants, le sénateur Gheorghe Buzatu est connu pour ses thèses négationnistes sur la Shoah.

Tout récemment, une émission télévisée a mis en évidence l’activité des hommes d’affaires israéliens dans le domaine immobilier en Roumanie, critiquant « leur mainmise sur le marché foncier et immobilier du pays, qui serait notamment à l’origine de la crise économique qui frappe la Roumanie ». Et dans le contexte actuel de crise financière internationale, ces accusations auront une résonance encore plus forte auprès des couches moyennes ou rurales de la population roumaine.

Meïr dénonce « l’apathie des autorités et des médias face à cette vague montante ». Devenu un symbole en Roumanie, Naty Méïr espère que sa décision très médiatisée aura l’effet escompté dans la classe politique, mais aussi pour ses concitoyens israéliens qui considéraient jusqu’à présent la Roumanie comme un pays de Cocagne économique et commercial.

« On commence par accuser les Israéliens, et ensuite, cela s’étend à tous les Juifs », précise le…futur ex-député, qui étudie même la possibilité de quitter définitivement le sol roumain avec sa famille.

Pour les Juifs, il est donc temps de se « carpater » de là-bas…. !