20.12.08

En vérité, qu’est ce qui préoccupe les Palestiniens ?


Haj Amin al Husseini, le Moufti de Jérusalem serrant la main d'Hitler
Par David Solway | FrontPageMagazine -
Traduit et adapté par Albert Soued
pour www.nuitdorient.com


Eu égard à l’imbroglio en cours en Terre Sainte, on peut se demander à juste titre si l’histoire – mauvaise — n’est pas en train de se réécrire. Quand Haj Amin al Husseini, le Moufti de Jérusalem a cessé partiellement sa rébellion de 1936, suite à la promesse anglaise d’une Commission Royale, rien n’a été fait pour désarmer les insurgés.


Et la période de calme relatif a été exploitée par le Moufti pour entraîner, unifier et réarmer ses forces. Rien ne change au Moyen Orient et ce qui était vrai du Moufti l’a été aussi de son descendant Yasser Arafat et continue à l’être des acteurs de la scène actuelle, Mahmoud Abbas, Khaled Mashaal ou Ismail Hanyeh et leurs consorts.

Co-fondateur du Hamas, Abdel Rantissi définissait la "Houdna" ou cessez-le-feu tactique, comme "la 1ère phase d’un plan pour libérer notre terre". Comme il le disait "la houdna n’est pas un signe de reconnaissance de l’état d’Israël". Bien avant la récente éruption du conflit, les intentions des terroristes ont été bien clarifiées par Abou Moussaeb, le chef des Brigades d’Al Aqsa du nord de Gaza, lorsqu’il annonça que le cessez-le-feu du moment n’était que "le repos du guerrier, utilisé par les forces palestiniennes pour se réarmer, se regrouper et se renforcer… Quand le conflit reprendra, nous serons plus forts que jamais avant, avec de nouvelles méthodes et de nouvelles armes…" Je propose de le croire. Après tout, l’objectif de la "houdna" c’est bien de se battre dans de meilleures conditions.

Excepté dans l’esprit arabe, on ne peut pas appeler cela un processus pour trouver une solution.


En permanence, les antisionistes dénoncent Israël qui chercherait à créer "le Grand Israël". Mais l’ironie des faits c’est que les palestiniens revanchards travaillent par tous les moyens – les attentats terroristes ou les techniques plus subtiles de la propagande – pour installer la "Grande Palestine" à la place d’Israël. Leur porte parole Osama Hamdan l’a confirmé à la télévision libanaise le 02/04/07 "Nous, dans le gouvernement Hamas, nous n’accepterons aucune solution… qui dévierait de nos principes… Je n’accepterai pas d’accord qui dirait in fine que les villes de Haifa, Jaffa ou Acre sont Israéliennes… rechercher la paix est une perte de temps… la vraie solution mènera à la fin de l’existence de l’entité sioniste…". Le porte parole du Hamas Sami Abou Zahri ébauchait l’approche terroriste aux négociations, à Gaza le 13/06/05 au National Post, "Il n’y a aucun problème à la solution par étapes du conflit israélo-arabe. On peut accepter aujourd’hui Gaza et la Cisjordanie, et puis dans l’avenir, toute la Palestine". Est-ce clair ?

Cela prendra plusieurs années avant que le jury ne donne son verdict dans ces négociations de paix qui n’en finissent pas. Etant donné la violence quotidienne dans la région, le processus semble irréaliste pour le moment. En fait l’Europe comme les Palestiniens cherchent à accélérer "la feuille de route", ou comme on l’appelle maintenant "l’horizon politique" et "l’accord dans l’armoire". Mais ce n’est qu’une tentative pour dépouiller Israël de son droit légitime et pour neutraliser ses atouts dans toute négociation. Ainsi on exhorte Israël à faire des concessions, comme si l’état palestinien, "holographique", qui n’existe nulle part sauf dans l’imaginaire, était un fait géopolitique tangible. Parce que les faits montrent que "Palestine" n’est qu’une fiction auto-construite dont la seule revendication évidente est d’avoir parfait son expertise dans la double technique du "terrorisme d’avant-garde" et l’"extorsion fiscale".

L’éventualité d’une paix juste et durable demeure mince et les Palestiniens y veillent. Personne n’a expliqué d’une manière satisfaisante pourquoi Israël doit conclure une paix pour satisfaire les exigences des terroristes ou se soumettre aux pressions des pays arabes environnants, pays qui ont eux-mêmes déclenché de nombreuses guerres qu’ils ont perdues. Depuis quand des perdants coupables imposent leurs conditions ? Comme l’avait écrit feu Abba Eban, Ministre des Affaires Etrangères après la guerre de 1973 "C’est la 1ère guerre de l’histoire qui s’est terminée avec une partie victorieuse qui appelle à la paix et les vaincus qui lui demandent une reddition sans condition"

Existe-t-il un seul pays au monde qui abandonne des territoires conquis dans des guerres provoquées par l’adversaire ? Cette stratégie "folle" pourrait être pensable à la rigueur si des négociations pouvaient mener à un résultat satisfaisant et authentique, comme ce fut le cas en partie avec l’Egypte et le Sinaï — retrait qu’aujourd’hui certains considèrent à juste titre comme irresponsable. On peut ajouter aussi le retrait du Liban qui a été gratifié d’un H’ezbollah armé et retranché à la frontière nord, avec des incursions où des soldats sont enlevés et avec des tirs de missiles ayant provoqué la 2ème Guerre du Liban. De même quand Israël s’est retiré de tout Gaza, il a été remercié par des tirs de mortiers et de roquettes sur les villes et villages du Néguev, jusqu’à ce jour (1).

Le territoire conquis dans une guerre défensive ne doit jamais être rendu à l’agresseur. Eu égard aux "territoires palestiniens", Israël cherche bizarrement à négocier leur rétrocession, alors qu’ils ont été capturés d’une façon légitime et qu’il peut les garder légalement.

Il faut savoir aussi qu’une petite minorité de ceux qui réclament la Cisjordanie et Israël peut être considérée comme indigène, la majorité de la population de Palestine venant des pays environnants au début du 20ème siècle. En effet ces populations ont été amenées par les Turcs de l’Empire Ottoman pour faire cesser les razzias des tribus Bédouines nomades. Ces "Syriens" ou ces "Egyptiens" se déclarent aujourd’hui Palestiniens, alors que la revendication juive se base sur une présence continue de plus de 3000 ans.

Durant le Mandat britannique (1923-1948), les Arabes ont afflué dans la Palestine côtière sans avoir à produire un quelconque document officiel, ni à craindre les autorités douanières qui les laissaient passer. Dans son livre "From the time immemorial" Joan Peters attire l’attention sur un document anglais qui donne aux nouveaux immigrants arabes le statut de "population indigène depuis des temps immémoriaux". Le but des Anglais était de modifier la structure de la population locale au détriment des Juifs qui étaient considérés comme une population déplacée. Les immigrants arabes d’après Balfour se transformaient du jour au lendemain en véritables autochtones. Les recensements truqués ultérieurs, le contrôle anglais sur le flux migratoire juif et sur les armes pour favoriser leurs clients arabes, le problème acide des réfugiés arabes, les guerres d’agression arabes ont contribué à fausser le jugement de la communauté internationale et l’objectivité des médias. Les revendications de la propagande arabe, les historiens révisionnistes juifs et la horde des universitaires anti-israéliens ainsi que les intellectuels et commentateurs politiquement corrects ont transformé la réalité qu’en grande partie les dits réfugiés palestiniens de la guerre d’indépendance de 1948 sont des Arabes revenus dans les pays d’où leurs parents venaient, sans que personne ne les y oblige. Même Sir John Glubb ou "Glubb Pasha" après sa conversion à l’Islam, le général anglais qui commandait la Légion arabe jordanienne et qui a mené une campagne de "nettoyage ethnique" contre l’état d’Israël naissant, a écrit dans le London Daily Mail le 12/08/1948 que " les civils arabes ont paniqué et se sont enfuis d’une façon ignominieuse. Les villages étaient abandonnés avant même d’être menacés par l’avancée de la guerre ". Et Glubb Pasha était loin d’être un témoin amical, mais plutôt l’ennemi le plus implacable des Juifs.

De nombreuses personnalités arabes et les sources d’information de l’époque étaient unanimes sur le sujet. Ainsi Emile Ghoury, secrétaire du Haut Comité arabe pour la Palestine insistait dans une interview au Beirut Telegraf le 06/09/1948 "ces réfugiés sont la conséquence directe de l’action des pays arabes qui s’opposaient au partage de la Palestine".

La radio arabe pour le Moyen Orient qui diffusait de Chypre le 03/04/1949 disait "le Haut Comité Arabe a encouragé les réfugiés à fuir leurs maisons"

Le quotidien jordanien Falastine blâmait dans un article du 19/02/1949 "les pays arabes qui ont encouragé les Palestiniens à quitter leur foyer"

Le 1er ministre Syrien Khaled Al Azm confessait dans ses mémoires de 1973 que "c’est nous qui les avons fait fuir", parmi d’innombrables témoignages.

Quant à la situation actuelle, comment peut-on encore l’appeler "occupation" ? Gaza est une entité autonome contrôlée à 100% par le Hamas et le Fatah contrôle 94% de la Cisjordanie. Ainsi la Palestine n’est pas occupée par Israël, mais par ses propres milices terroristes, qui empêchent la création d’un état véritable, cherchant plutôt à détruire son voisin, Israël. La situation économique désastreuse est le reflet de régimes autocratiques, gouvernés par des tyrans et des kleptocrates, dont l’archétype était déjà Haj Amine al Husseini. Quand Israël occupait réellement Gaza et la Cisjordanie, l’économie était florissante ; aujourd’hui ces territoires ne peuvent survivre sans l’aide internationale.

Ainsi il faut faire attention à la terminologie "occupation" et la situer dans son contexte véritable. Et ce contexte est même plus complexe. Le comédien américano-palestinien Ray Hanania vient de faire un tour en Cisjordanie. Selon lui, les Palestiniens souffrent d’une autre "occupation", en fait "d’un immobilisme intérieur", d’une fixation sur le passé et cette "occupation psychique" les empêche de voir la réalité et de se projeter dans l’avenir. Il dit : "les Palestiniens souffrent de nombreux niveaux d’occupation et ils se sont imposées l’un d’eux, qui est devenu l’excuse pour expliquer leurs échecs, un désir non pas de faire la paix, mais de revanche, et la non capacité d’accepter la blessure faite à leur orgueil, qu’exigerait tout compromis. Les chefs de toutes les factions palestiniennes sont opposés à toute solution qui les sortirait de cette prison intérieure qu’ils ont édifiée, et c’est cela qui les rend incapables de construire un état"

D’après lui, les Palestiniens se sont englués dans cet esclavage mental qui est la seule barrière au mouvement et à la vie….ils sont dans une impasse qu’ils ont eux-mêmes creusée, et à l’extérieur, ceux qui souhaitent les aider, sont entrés dans la même nasse de l’"occupation".

En attendant, cherchant à rendre illégitimes les positions d’Israël, les médias mondiaux poussent à reconnaître le pseudo état du Hamas à Gaza, invoquant la terrible densité de population, autour de 4000 hab/km2, et la nécessaire compassion politique et économique qu’on devrait éprouver à son égard, au détriment d’Israël. Chiffre sans doute élevé, mais il faut le rapprocher de la densité du 11ème arr. de Paris, soit 41 053 hab/km2 et Kowloon, soit 1,9 million hab/km2, pour avoir une meilleure perspective. Ma propre ville, Montréal, couvre une superficie moitié inférieure à celle de Gaza, soit 185 km2, et sa population est supérieure à celle de Gaza de plusieurs centaines de milliers d’habitants. Aux dernières nouvelles, Paris11, Kowloon et Montréal se débrouillent bien.

Le statut de Jérusalem reste un problème crucial. Israël est accusé de construire des logements aux environs de Har H’oma, au sud-est de la ville, qui est la capitale d’Israël, sur une terre qui appartient à 75% aux Juifs. Les 25% restants appartiennent à des Palestiniens à qui on a offert des compensations, selon une réglementation considérée comme normale dans tous les pays démocratiques, et même au Québec où on a procédé de la même manière pour construire l’aéroport Mirabel. Certes Har H’oma est au-delà de la ligne verte, mais c’est une frontière d’armistice, sujette à ajustement, 40 ans après…

Les OGN, les groupes de "droits sociaux" ont pris le train de l’anti-israélisme, manifestant une parfaite ignorance de l’histoire et de la rectitude éthique et s’alignant sur l’extrémisme radical des organisations islamiques, comme CAIR aux Etats-Unis ou la Campagne de Solidarité Palestinienne an Grande Bretagne….

Cinq armées arabes ont été incapables en 1948 de rayer Israël de la carte. Trois armées arabes ont été écrasées en 1967 par une armée de défense faite de réservistes et il en a été de même en 1973 contre les forces combinées de l’Egypte et de la Syrie. Ayant échoué militairement, malgré l’attitude conciliante et myope de l’Occident et d’Israël, les Arabes ont adopté une stratégie plus efficace, du nom "accords d’Oslo". En échange d’un retrait territorial, Arafat et l’OlP se sont engagés à mettre fin à leurs activités terroristes. Ces accords ont été aussitôt dénoncés dans la Déclaration de Principes en septembre 1993, dans l’accord Gaza-Jéricho d’abord de mai 1994, dans l’accord intérimaire de septembre 1995 et l’accord d’Hébron de janvier 1997, tout en acceptant les retraits israéliens "gratuits" de Gaza et de 7 villes palestiniennes.

Les échecs du sommet de Camp David et de son clone d’Annapolis ne doivent pas surprendre… Un Hadith 4/52-176 reflète bien une certaine mentalité : "Tu combattras les Juifs jusqu’à ce que certains d’entre eux se cachent derrière un rocher, et le rocher dira alors "O Abdallah, il y a un Juif qui se cache derrière moi". Alors tu iras le tuer"…

Ne vous faîtes aucune illusion, le processus de négociation n’est qu’un subterfuge pour réduire les dimensions d’Israël et ses frontières, le laissant vulnérable à de simples roquettes de courte portée. C’est aussi un moyen d’acquérir un nouveau territoire à partit duquel lancer des attaques plus coordonnées et plus meurtrières. L’état palestinien n’est qu’un moyen enfanté par la diplomatie arabe pour détruire par étapes l’état d’Israël. Il en est de même de la revendication des réfugiés et de l’insistance sur "le droit du retour" (h’aq al a’wda). L’objectif fondamental est toujours le même. Les Arabes n’ont jamais été intéressés par une Palestine, mais par un "cheval de Troie" qui grignoterait petit à petit de l’intérieur les frontières d’Israël, sous l’appellation de "négociation de paix". La Palestine est devenue depuis 60 ans la feinte et la tactique préférée des Arabes pour se débarrasser de l’état Juif, quel qu’en soit le coût pour les Palestiniens, trompés ou de connivence…

"Etat palestinien" est devenu ainsi le leitmotiv de tout le monde, quand on parle du Moyen Orient.


Je ne sais pas si cette stratégie réussira à long terme. Mais à court terme, elle va faire souffrir inutilement les Israéliens. Dans un poème intitulé "état de siège", le poète national palestinien Mahmoud Darwish décrivait Israël comme l’image d’un vieil état enseveli sous les ruines de la future Troie. Il est probable que cette ancienne épopée historique ait une conclusion différente et que les nouveaux Troyens réussiront à chasser les envahisseurs. En attendant les feux brûleront dans la cité.

Note de la Traduction

On peut imaginer que pour alimenter à nouveau un processus de négociation il faille occuper des territoires au Liban, en Syrie, et peut-être même en Egypte et en Jordanie. Mais il est difficile de faire revivre le passé. Pourtant il existera toujours de nouvelles opportunités qui permettraient de conquérir un territoire afin d’alimenter une négociation. En 2006, l’opportunité du Liban sud n’a pas été saisie par Israël.

David Solway, auteur de 25 livres primés de poésie, voyage, critique et théorie de l’éducation. Ecrit dans des magazines variés, the Atlantic, the Sewanee Review, Books in Canada, and the Partisan Review. Dernier livre : "Le grand mensonge : sur la terreur, l’antisémitisme et l’identité"