17.1.09

Un nouvel ordre moyen-oriental



Par Stéphane Juffa

© Metula News Agency

Le président iranien [photo] n’hésitant pas à affirmer que l’offensive israélienne avait été commanditée par Barak Obama en vue de son investiture

Ce samedi matin, la fin de l’offensive israélienne à Gaza se profile de plus en plus nettement. On attend pour ce soir une réunion du Cabinet politico-sécuritaire à Jérusalem, au cours de laquelle Israël décrétera probablement un cessez-le-feu unilatéral. Une mesure coordonnée avec l’Egypte, les Etats-Unis, l’Autonomie Palestinienne et à la connaissance de l’Union Européenne.

Pendant ce temps, sur le terrain, les opérations de Tsahal se poursuivent. Cette nuit, l’aviation a rempli de nouvelles missions, notamment contre les tunnels de contrebande, des stocks de roquettes, des positions de lancement de Grad, ainsi que des planques de la direction politique et armée du Hamas.



Ilan Tsadik m’informe que Tsahal s’est retirée, vendredi, des quartiers de Tel Al-Hawa et Sabra. Elle se trouve désormais à nouveau à environ trois kilomètres du centre de Gaza-city.

Ceci dit, l’armée lance des raids ciblés contre des objectifs situés dans tous les quartiers de la ville. Elle se retire ensuite sur le périmètre d’encerclement de la cité, qu’elle contrôle entièrement.

La tactique qu’adopte Tsahal consiste à demeurer incessamment en mouvement, afin de ne pas exposer ses soldats à d’éventuelles actions de guérilla et aux snipers islamistes.

En face, la Résistance Islamique est vaincue. Sami El Soudi me communique que le commando de l’élite de l’élite des intégristes, que ces derniers appelaient Les Iraniens a cessé d’exister. Le nom de cette unité venait de ce que tous ses membres avaient été entraînés en Iran. Elle comptait une centaines de combattants.

Jabaari les a lancés dans la bagarre jeudi, en dernier recours, pour tenter d’enrayer l’avance des Hébreux lors de leur offensive par le Sud-ouest. La quasi-totalité de ces miliciens a trouvé la mort dans ces combats. Quelques uns sont blessés et une poignée d’entre eux ont été faits prisonniers.

En dépit de leur sacrifice, les Iraniens n’ont pas été capables d’infliger la moindre perte parmi les militaires de l’Etat hébreu.

Dans la situation qui prévaut désormais, Tsahal dispose d’une très large liberté de manœuvre et est capable d’atteindre n’importe que objectif dans Gaza ville et au nord de la Bande à moindre risque.

Les pertes dans les rangs intégristes sont considérables, sans commune mesure avec les bilans propagandistes et victimistes que le Hamas daigne publier. D’après l’évaluation d’El Soudi et de Tsadik, le nombre des morts au sein de la milice s’élèverait à environ 1 600, et celui des blessés, à plus de 4 300.

On déplorerait en outre le décès de 550 civils, alors qu’un millier de non-combattants seraient hospitalisés.

Ce samedi matin, l’Organisation de la Résistance Islamique, et ses alliés de la Djihad Islamique Palestinienne, ne sont plus en état d’opposer de résistance cohérente à Tsahal.

C’est précisément cet état de fait qui a amené Jérusalem, le Caire et Ramallah à adopter une attitude stratégique coordonnée, éliminant le Hamas du processus de négociation en train de se concrétiser.

La scission entre la direction du Hamas à Gaza, prête à accepter un cessez-le-feu aux conditions égyptiennes, et celle exprimée par la direction politique à Damas, campant sur des requêtes sans rapport avec la situation sur le terrain, a conduit le Caire à la conclusion que des négociations impliquant le Hamas n’avaient aucune chance d’aboutir.

Ce point de vue se reflète au sein du monde arabo-musulman, où il génère un véritable schisme. Un fossé qui s’est encore matérialisé à la conférence de Doha au Qatar, qui s’est déroulée hier, où Khaled Mashal, Mahmoud Ahmadinejad et le dictateur syrien Béchar Al Assad ont tenu la vedette.

Ils ont proféré des propos djihadiste jusqu’auboutistes, le président iranien n’hésitant pas à affirmer que l’offensive israélienne avait été commanditée par Barak Obama en vue de son investiture.

Mashal, pour sa part, y a annoncé que les conditions d’arrêt des hostilités proposées par le Caire étaient inacceptables par son organisation.

Le sommet de Doha était boycotté par l’Egypte, l’Arabie Saoudite, l’Autorité Palestinienne ainsi que d’autres Etats arabo-musulmans. Mahmoud Abbas s’est élevé contre la place qui était faite à Mashal de représentant de la Palestine.

Même le président libanais, pourtant limité dans sa marge de manœuvre par la pression du Hezbollah dans son pays, s’est fermement élevé contre les arguments irresponsables qui ont fait florès à Doha.

Ces mouvances, en symbiose avec la situation militaire à Gaza, amèneront Israël à décréter, plus que probablement, ce soir, en conseil des ministres, un cessez-le-feu unilatéral.

Cette décision, convenue avec le Caire, fait donc l’impasse sur toutes les demandes présentées par le Hamas. Elle prive les intégristes d’une reconnaissance internationale, que leur aurait procurée la posture de parti prenant dans l’accord de cessation des hostilités.

L’accord se tisse ainsi comme si le Hamas n’existait pas. Israël va cesser ses opérations mais ne va pas retirer ses troupes de la Bande. Ce, au moins jusqu’à ce que soient mises en place les dispositions visant à empêcher le réarmement de Gaza par voie de contrebande.

Parallèlement au cessez-le-feu unilatéral, une opération humanitaire internationale massive se profile afin de porter secours à la population palestinienne de Gaza et aux blessés. Les hôpitaux du Sud d’Israël sont en plein préparatifs pour accueillir des milliers de personnes nécessitant des soins.

Dans le cas où le Hamas continuerait à lancer des roquettes sur le territoire israélien, Tsahal pourra reprendre à tout moment son offensive et aura le loisir de décider d’anéantir les vestiges du Califat.

La ministre des Affaires Etrangères israélienne a résumé ce postulat en faisant, depuis les Etats-Unis, la déclaration suivante : "Si le Hamas tire, nous devrons riposter et s'il tire après un certain délai, nous devrons organiser une autre campagne. J'ai dit que la fin ne devait pas dépendre d'un accord avec le Hamas, mais plutôt d'un arrangement contre le Hamas".

A partir de ce soir, pour peu que le Cabinet approuve les dispositions qui lui seront présentées par Messieurs Barak et Olmert, l’essentiel de l’effort à venir se concentrera sur la façon de priver les fondamentalistes de Gaza d’utiliser la frontière égyptienne de Gaza pour se réarmer.

A ce sujet, nos sources nous indiquent qu’un accord prépondérant se trouve en phase de finalisation entre l’Egypte, Israël, les Etats-Unis et un certain nombre de pays européens.