24.2.09

Aliya secrète



La femme de Ben-Israël et ses enfants débarquent tout droit du Yémen, à l’aéroport Ben Gourion.
Photo: © Ariel Shalit/AP , JPost

Par ABE SELIG


Jeudi 19 février : aéroport Ben Gourion. Terminus pour la famille Ben-Israël, les derniers immigrants de la communauté yéménite de Raida - une ville déchirée depuis des mois par les tensions entre résidents juifs et musulmans.

Les Ben-Israël sont arrivés en Terre promise dans le cadre d'une opération spéciale organisée conjointement et dans le plus grand secret par l'Agence juive et la fédération américaine des Juifs yéménites.

"Merci mon Dieu, je suis heureux d'être ici", lâche le chef de famille. Dans le hall des arrivées de l'aéroport, journalistes et cameramen se bousculent pour voir débarquer - kippa feutrée sur la tête et longues boucles noires sur chaque tempe - Said Ben-Israël, sa femme et leurs sept enfants.

Devant un rabbin yéménite israélien venu spécialement pour l'accueillir, le nouvel immigrant a récité la prière "Shehehiyanou", réservée pour les événements particulièrement joyeux.

Les enfants de Said se collent à leurs parents, souriant nerveusement aux reporters qui essayent de leur parler en arabe. "Nous avons fermé la porte de notre maison et nous sommes partis", articule Esther, une des petites filles.

Il y a quelques semaines, des extrémistes islamiques avaient lancé une grenade dans le jardin de la maison familiale. L'explosion n'a heureusement fait aucun blessé.

Mais Said a rassemblé dans la hâte femme et enfants pour les emmener vivre à Sanaa, capitale du Yémen, avant de s'envoler pour l'Etat hébreu. "Je n'ai pas grand-chose à dire", a déclaré le patriarche en souriant.

"Nous sommes fatigués, mais c'est bon d'être enfin ici, chez nous." La famille Ben-Israël a quitté l'aéroport en taxi, escortée par une équipe de l'Agence juive, à destination de Beit Shemesh.

Une communauté en danger

Même si elle jouit de la protection du président Ali Abdoullah Salah, la communauté juive du Yémen est l'objet d'un harcèlement croissant de la part des musulmans extrémistes du pays depuis plusieurs années.

En décembre dernier, après l'assassinat par un Arabe de Moshé Yaish Nahari, père de huit enfants, et le début de l'opération "Plomb durci" à Gaza, les tensions ont redoublé d'intensité.

Les membres de la famille Ben-Israël sont les premiers Juifs yéménites à faire leur aliya depuis le meurtre de Nahari. "Nous espérons que ce n'est que le début et que d'autres suivront", explique Moshé Vigdor, directeur-général de l'Agence juive, en attendant l'arrivée de la famille à l'aéroport.

"Nous suivons de très près la situation de la communauté juive du Yémen, et notre travail ne s'arrêtera certainement pas là", poursuit-il.

Son collègue, Elie Cohen, à la tête du département de l'Aliya et de l'intégration de l'Agence, ajoute que son organisation espère ramener en Israël tous les Juifs yéménites qui le souhaitent. Les nouveaux immigrants - dont la famille de Said - recevront une aide spéciale de l'Agence juive comprenant un apport de 40 000 shekels par famille.

Le Yémen compte actuellement environ 280 Juifs. 230 d'entre eux habitent à Raida dans la province d'Omran, tandis que les cinquante autres résident à Sanaa, après avoir fui l'année dernière leur maison de la province de Saade, où ils étaient constamment attaqués par le Huthi, un groupe terroriste lié à Al-Qaïda.