28.4.09

AGRESSION BOULEVARD VOLTAIRE




Des jeunes gens collaient des affiches à la mémoire d'Ilan Halimi. Pour cela ils ont été agressés. Les dépêches relatant cet « incident » ne soulignent pas cet intolérable.

Des affiches sur les murs de Paris, à la mémoire d'un jeune Français atrocement torturé et mis à mort parce que Juif. Lire son nom, c'est encore trop pour les voyous armés qui passent dans la rue. Ils frappent.

Parce que ces brutes sont d'origine maghrébine et leurs victimes juives on ose parler de 'tension communautaire'.

Pourquoi ce refus de nommer l'antisémitisme arabe ? Il existe, il s'exprime ; il est venu renforcer l'antisémitisme européen.

Si on ne peut accepter que des jeunes gens se rendent justice eux-mêmes - les agressés ont riposté plus tard - il n'est pas admissible de les voir confondus avec ceux qui les ont attaqués.

L'antisémitisme n'est pas un phénomène 'communautaire'. Il nous concerne tous.

Oserait-on dire que la misogynie est de l'ordre du communautaire parce que cette haine ne s'adresse qu'aux femmes ?

Ceux qui ne supportaient pas, au point de se livrer à des actes violents, les affiches imprimées à la mémoire du jeune Ilan ont obéi à des motivations aussi méprisables que ses assassins.

L'abjection aussi a ses degrés.

À la veille d'un procès terrible, qui se déroulera à huis-clos selon la volonté de deux tortionnaires - lâcheté de meurtriers qui doivent rendre compte de leurs gestes ou de leurs silences complaisants - le simple fait de coller des affiches suscite la violence.

Qu'elle ait provoqué une réponse ne doit pas nous faire oublier à quel point elle est aberrante et inacceptable.

Renvoyer dos à dos deux communautés quand l'antisémitisme s'exprime dans les rues est irresponsable.

Ou est-ce dire, en filigrane, que trop de Français non Juifs sont indifférents aux menaces et aux agressions que subissent des citoyens de ce pays ?

On peut refuser la réponse donnée à une attaque. On ne peut en ignorer la cause.

© Primo, 25 avril 2009

Rixes à Paris sur fond de tensions communautaires: six jeunes mis en examen
25/04/2009-[21:03] - AFP
PARIS, 25 avr 2009 - Six jeunes gens, trois juifs et trois maghrébins, ont été mis en examen pour des violences volontaires à caractère raciste à la suite d’agressions perpétrées mercredi entre membres des deux communautés, a-t-on appris samedi de source proche du dossier.
Les six jeunes sont poursuivis pour "violences volontaires aggravées à raison de l’appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, de la victime à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée". Ils ont tous été laissés en liberté sous contrôle judiciaire. Selon une source judiciaire, une première agression se serait déroulée mercredi boulevard Voltaire (Paris XIe), non-loin du magasin de téléphonie où travaillait Ilan Halimi, le jeune juif enlevé et torturé à mort en 2006 par le "gang des barbares". Dans la perspective du procès de ses ravisseurs, qui s’ouvre mercredi à Paris, de jeunes juifs collaient des affiches à la mémoire d’Ilan Halimi lorsqu’ils auraient été pris à partie par trois jeunes maghrébins, dont l’un était muni d’un nunchaku, selon cette même source.