25.5.09

Le Plan de Paix de Netanyahou



Caroline Glick, The Jerusalem Post
Adaptation française de Sentinelle 5769

La visite du Premier Ministre Benyamin Netanyahou au Président des USA Barack Obama à la Maison Blanche lundi dernier fut un baptême du feu pour le nouveau Premier Ministre. Ce qui est ressorti de cette réunion, c’est que les priorités d’Obama concernant l’Iran, Israël et le monde arabe sont diamétralement opposées aux priorités d’Israël.


Pendant sa conférence suivant la rencontre avec Netanyahou, Obama a fait clairement savoir qu’il ne lèvera pas le petit doigt pour empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires. Et agissant comme substitut d’Obama, au cours des deux semaines précédentes, le directeur de la CIA, Leon Panetta a dit clairement que celui-ci attend qu’Israël reste coi pendant que l’Iran acquiert les moyens de le détruire.

Obama a montré son jeu à l’Iran de trois manières. D’abord, il a posé un agenda non contraignant de sept mois pour laisser agir sa politique de conciliation et de pourparlers avec les ayatollahs. Cette politique, a-t-il expliqué, ne sera mise en œuvre qu’après le mois suivant les élections présidentielles iraniennes. Et un délai de six mois minimum doit être accordé après ces pourparlers directs USA - Iran pour mesurer leurs effets avant d’être évalués en termes de succès ou d’échec.

Mais le renseignement militaire israélien a évalué que six mois peuvent être un trop long délai d’attente. D’ici la fin de l’année, le programme nucléaire de l’Iran peut avoir dépassé la limite pour l’arrêter. Et l’essai réussi par l’Iran de son missile Seiji 2 à combustible solide avec un rayon d’action de 2.000 km mercredi, a tout simplement démontré l’urgence de cette situation. A l’évidence, les mollahs n’attendent pas Obama pour les convaincre de leurs voies erronées.

Au-delà du fait que l’agenda non contraignant d’Obama est trop long, il y a son « ou autre chose ». Obama a dit clairement qu’au cas où, en décembre ou janvier, il en vient à conclure que les Iraniens ne négocient pas de bonne foi, la mesure la plus radicale qu’il prendra sera de manifester sa volonté d’envisager une escalade des sanctions internationales contre Téhéran. Dans le même temps, à sa demande, le député Howard Berman, président au congrès du comité des Affaires Internationales, a délaissé une loi réclamant des sanctions contre les compagnies pétrolières qui exportent du combustible raffiné vers l’Iran.

Enfin, l’affirmation d’Obama que : « la meilleure manière pour les USA de convaincre l’Iran d’abandonner son programme nucléaire est de convaincre Israël de donner encore plus de terres aux Palestiniens ». Comme le formula Obama : « Dans la mesure où nous pouvons faire la paix avec les palestiniens, entre les Palestiniens et les Israéliens, alors je crois vraiment que cela renforce notre position dans la communauté internationale pour gérer une menace iranienne potentielle ». Cette déclaration intègre le manque de sérieux et le caractère mensonger fondamentaux de l’approche d’Obama pour « gérer une menace iranienne potentielle ».

L’Iran a fait savoir sans ambages qu’elle veut la destruction d’Israël. Les mollahs ne se soucient pas de la dimension d’Israël. Leurs missiles sont pointés sur Tel Aviv, non sur Bet El. De même pour la communauté internationale, les Russes et les Chinois n’ont pas aidé les programmes nucléaires et de missiles de l’Iran au cours des quinze années écoulées parce qu’il n’y a pas d’Etat palestinien. Ils ont aidé l’Iran parce qu’ils pensent qu’un Iran puissant affaiblit les USA. Et ils ont raison.

Les Etats arabes, de leur côté, sont déjà ouvertement du côté d’Israël contre l’Iran. L’établissement d’un Etat palestinien ne rendra pas plus profond leur soutien à l’action destinée à empêcher l’Iran d’acquérir les moyens de dominer la région.

Face à cela, la pression obsessionnelle d’Obama pour la création d’un Etat palestinien a peu de sens. Les Palestiniens sont désespérément divisés. Ce n’est pas seulement parce que le Hamas dirige la bande de Gaza, et le Fatah la Judée et la Samarie. Le Fatah lui-même est déchiré par des divisions. La nomination par le président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, du nouveau gouvernement de l’AP sous la direction de Salam Fayed a été massivement rejetée par les chefs du Fatah. Tout simplement, il n’existe pas de direction palestinienne cohérente qui soit en mesure de vouloir ou de pouvoir parvenir à un accord avec Israël.

De même pour les perspectives de la paix elle-même, comme il existe peu de différences entre les inepties diffusées chaque jour par le Fatah et les media contrôlés par Abbas / Fayed, en Judée et en Samarie, ces perspectives ne semblent pas particulièrement attractives. Cette incitation antisémite par-delà les clivages a engendré la situation actuelle où les membres et les partisans du Fatah sont solidement unis dans leur volonté de destruction d’Israël. Ceci est apparu clairement jeudi matin quand un policier du Fatah de Kalkilya va utilisé son fusil fourni par les USA pour ouvrir le feu sur des soldats de Tsahal engagés dans une opération antiterroriste dans cette ville.

Etant donné que l’établissement d’un Etat palestinien n’aura aucun impact sur le programme nucléaire iranien, et à la lumière des circonstances actuelles, tout Etat palestinien sera en guerre avec Israël ; dans l’hypothèse où Obama n’ignore pas complètement la situation sur le terrain, il n’existe qu’une explication raisonnable à son désir pressant d’obliger Israël à soutenir la création d’un Etat palestinien, et d’œuvrer à cet établissement en expulsant des centaines de milliers d’Israéliens de leurs foyers. Très simplement, c’est une façon de détourner l’attention de l’acquiescement d’Obama aux aspirations nucléaires de l’Iran.

En faisant de la réalisation de l’objectif irréalisable de la paix entre Israël et les Palestiniens via l’établissement d’un Etat terroriste palestinien la pièce centrale de son programme au Moyen-Orient, Obama est capable de jeter Israël aux mains de la canaille régionale. Cet objectif se reflète dans la pression montante de l’administration sur Israël pour détruire les communautés israéliennes en Judée et Samarie.

En décrivant les Juifs vivant dans des roulottes sur le sommet de collines dénudées en Judée et Samarie – plutôt que les mollahs iraniens qui testent un missile balistique tout en enrichissant de l’Uranium et en incitant au génocide – comme le plus grand obstacle à la paix, l’administration Obama ne cherche pas seulement à détourner l’attention de son refus d’empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires, mais elle place aussi Israël en position de bouc émissaire qui sera blâmé après que l’Iran sera devenu une puissance nucléaire.

Le projet d’Obama de dévoiler son plan de paix au Moyen-Orient au cours de son discours au monde musulman au Caire le 4 juin, de même que sa décision de ne pas visiter Israël au lieu de visiter un camp de la mort nazi, montre clairement qu’il ne perçoit pas Israël comme un allié vital, ou même un partenaire dans le processus de paix qu’il veut initier. Les dirigeants d’Israël n’ont pas été consultés au sujet de son plan. De même, à partir des contours émergents de son plan, il est clair qu’il offrira quelque chose qu’aucun gouvernement israélien ne peut accepter.

Selon la presse, le plan d’Obama exigera d’Israël des retirer ses citoyens et son armée derrière les lignes indéfendables de l’armistice de 1949. Il autorisera l’immigration libre de millions d’Arabes haïssant Israël vers l’Etat palestinien. Et il cherche à présenter tout cela comme étant en accord avec les intérêts d’Israël en proclamant qu’après que celui-ci se sera rendu indéfendable, tous les 57 membres de l’Organisation de la Conférence Islamique (dont l’Iran) « normaliseront » leurs relations avec Israël. En bref, Obama utilise son plan de paix pour fustiger le gouvernement Netanyahou comme la principale force de déstabilisation régionale.

Pendant sa rencontre avec Obama, Netanyahou est parvenu à éviter les pièges politiques qu’Obama lui avait posés. Netanyahou a préservé le droit d’Israël à agir indépendamment contre l’Iran, et il n’a rien concédé de substantiel sur la question palestinienne.

Alors qu’en soi ce n’est pas une mince réalisation, la mise à l’écart des provocations d’Obama n’est pas une stratégie soutenable. Déjà mardi, l’administration a commencé d’obliger Israël à suivre sa ligne sur l’Iran et les Palestiniens en l’engageant dans des « groupes de travail » conjoints. Puis de même, jeudi, la destruction par le gouvernement de la communauté d’un avant-poste en Judée a été perçue comme une reculade d’Israël sous la pression des USA. Cela a sans aucun doute fait lever des attentes pour de nouvelles expulsions dans le futur proche.

Aussi, que doit faire Netanyahou ? Quelle tournure aurait une stratégie destinée à s’opposer à la pression politique de l’administration Obama et à maintenir l’attention internationale sur l’Iran ?

Dans les circonstances présentes, le mieux pour le gouvernement Netanyahou est de présenter son propre plan de paix pour atténuer l’impact du plan d’Obama. Pour émousser l’impact du discours d’Obama au Caire, Netanyahou devrait présenter son plan de paix avant le 4 juin.

Un tel plan devrait contenir trois étapes. D’abord, à la lumière de la volonté apparente du monde arabe d’entamer des pourparlers avec Israël, Netanyahou devrait appeler à l’ouverture de pourparlers directs entre Israël et la Ligue Arabe, ou entre Israël et l’OCI, sur la normalisation immédiate des relations entre Israël et le monde arabo-islamique. Aussi bien Obama et le roi Abdullah de Jordanie proclament qu’une telle normalisation est dans la proposition. Israël doit insister pour que cela commence sans délai.

Cela est bien sûr nécessaire pour que la paix survienne avec les Palestiniens. Comme nous l’avons vu à Camp David en 2000, la seule manière suivant laquelle les chefs palestiniens se sentiront à l’aise pour faire la paix avec Israël, c’est d’abord que le monde arabe démontre son acceptation de l’Etat juif comme un paramètre permanent du paysage du Moyen-Orient. Proclamer qu’une telle exigence d’Israël est une simple tactique pour gagner du temps, cela peut être facilement écarté. Etant données les déclarations jordaniennes et américaines sur la volonté du monde arabe d’accepter Israël, quand les négociations commenceront, cette étape pourra être achevée en quelques mois.

La seconde étape du plan de paix d’Israël serait de s’engager avec le monde arabe pour s’accorder et commencer de réaliser un programme conjoint de lutte contre le terrorisme. Ce programme comprendrait la destruction de réseaux terroristes, en coupant leur financement, et en parvenant à un agrément pour arrêter les terroristes et les extrader vers La Haye ou aux USA pour y être jugés. Il devra être parfaitement clair pour tous les gouvernements de la région qu’il ne peut y avoir de paix ou de stabilité régionales à long terme aussi longtemps que des terroristes occupés à la destruction d’Israël et au renversement de régimes arabes modérés sont autorisés à agir. Ainsi, faire de l’exécution d’un tel programme une pré condition pour un progrès ultérieur ne devrait pas constituer un obstacle à la paix. De fait, il n’y a aucune raison pour que cela soit même perçu comme sujet de controverse.

La dernière étape du plan de paix israélien devra être la négociation sur un accord de statut final avec les Palestiniens. Ce n’est qu’après l’acceptation par le monde arabe d’Israël, et seulement après qu’il aura accepté de se joindre à Israël pour parvenir à l’objectif commun d’un Moyen-Orient débarrassé du terrorisme, qu’il pourra exister une chance pour que les Palestiniens se sentent à l’aise et libres de coexister en paix avec Israël. Et Israël bien entendu, se sentira bien plus en confiance pour vivre en paix avec les Palestiniens après que le monde arabe aura démontré sa bonne foi et son amitié pour l’Etat juif et son peuple.

Si Netanyahou présentait son plan dans les deux prochaines semaines, il serait en mesure d’écarter le piège d’Obama du 4 juin en proposant de discuter les deux plans avec la Ligue Arabe. Ce faisant, il serait en mesure de continuer à démontrer que l’Iran est bien le plus grave danger dans la région, sans être diabolisé comme une n ennemi de la paix.

Que Netanyahou mette en avant un tel plan ou non, ce qui est devenu évident cette semaine c’est que ses plus grands défis à son poste seront d’empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires tout en empêchant l’administration Obama de reprocher à Israël l’absence de paix.


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