10.5.09

Pendez-les haut et court !


Ce slogan bien connu à destination des juges et des jurés lors des grandes conquêtes de l’Ouest retentit parfois à destination de ceux qui sont en train d’instruire le procès du Gang des barbares et son décérébré de chef en tête, Youssouf Fofana.

Cet assassinat nous rappelle les heures sombres de notre histoire déjà lointaine mais pourtant si proche. Le crime perpétré a tout d’odieux et nous renvoie à la barbarie passée, de celle que l’on croyait d’un autre âge.

Avec de tels actes, l’effluve nauséabonde de l’antisémitisme perdure et continue à se frayer insidieusement un chemin au sein de notre société dite moderne.

Mais voilà ! Au grand dam des aficionados des films de John Ford et des nostalgiques de la peine de mort, personne ne sera pendu ; le Far West est déjà loin et aucune tête laide, infâme ou vide n’ira rouler dans un réceptacle en osier.

Est-il utile de rappeler que depuis le 9 octobre 1981, le couperet de feu Guillotin a cessé son chuintement furtif sur les rails de l’échafaud. Cela restera heureusement irréversible.

C’est ainsi, si l’horreur perpétrée reste incontestable, la loi des hommes prime, même s'ils se conduisent en bêtes immondes.

Tous ont droit à un procès et même si la décence n’est pas dans le box, même si ces barbares sans guillemets osent ricaner à la lecture de l’acte d’accusation, la défense doit être assurée.

Huis-clos pour une omerta

Ce gang a kidnappé un jeune homme au seul motif que, dans leur tête de piaf, les « Feuj ont de la Thune ».

Pour ce procès qui se tient à huis clos, les medias en sont réduits à décrire avec force détails le numéro clownesque de Fofana.

Tel un véritable pantin, il illustre par sa conduite le paroxysme d’inculture de la chose religieuse apprise sans doute dans les couloirs de sa prison. S’il voulait apparaître comme un parfait abruti sans vergogne, il ne s’y prendrait pas autrement.

Ce voyou sans foi ni loi ose, en préambule, interpeller la cour, éructant son Allah Hou Akbar, déclamant la date de la mort d’Ilan en guise de date de naissance.

Oui, sans doute ce jour là, Fofana le barbare est né.

En guise de preuve d’appartenance à la secte des fondamentalistes insoumis à la démocratie, il annone les quelques mots d’arabe de son maigre vocabulaire de débutant.

Pauvre Islam, rabaissé par un ignare à la plus réductrice des expressions. Il n’a que faire des valeurs de respect des hommes et des institutions de la république devant laquelle il doit aujourd’hui rendre des comptes.

Apparemment, la stratégie de Fofana consistait à provoquer à outrance. Pour ne pas croupir le temps d’un procès dans la souricière du Palais de justice? Par peur de la vétusté des lieux?

C’est en effet une réclamation des accusés, la vétusté et l’inconfort des lieux, qui ne leur permettait pas d’être au mieux de leurs capacités devant la Cour.

Cette réclamation leur a valu un report, un long week end pour se reposer de leur épreuve. Quel homme, ce Fofana ! Quelle grandeur, ses complices! Et quelle ironie lorsque l’on sait le calvaire qu’ils ont fait endurer à leur victime.

Ces bourreaux, des hommes !

On a tous encore en mémoire, d’autres bourreaux: le tyran Saddam Hussein jugé en Irak et l’exterminateur Radovan Karadzic jugé, lui, par le TPI.

Ils montrèrent un "bel exemple de courage", s’illustrant tous les deux en scandant les mêmes inepties devant leurs juges ne reconnaissant ni le tribunal qui les jugeait ni les faits qui leur étaient reprochés.

Ils ont tout fait pour passer pour des victimes ; cela doit être un nouveau syndrome, celui des lâches.

Plus ils sont haut dans la hiérarchie de l’ignominie et du crime, et plus ils ont une chance d’obtenir des aménagements afin de diminuer leurs souffrances (et leur honte publique, s’ils en éprouvent).

Dans le procès du Gang des Barbares, la justice une fois encore protège, sous couvert de la loi, deux accusés qui étaient mineurs à l’époque des faits. D’aucuns considèrent que cela arrange bien les juges et les politiques.

D’un procès dont les actes furent animés par une haine antisémite, des comptes-rendus liminaires, pas de télévision (jamais dans les procès en France), aucun journaliste sur place (merci le huis clos!) et au bout du compte, quelque chose qui pourrait apparaître comme un procès de droit commun.

Au moment des faits pourtant, ces mineurs se sont conduits, nonobstant leur âge, en tortionnaires. La minorité légale protège ceux qui ont torturé: un laissez-passer pour la cour des mineurs et le huis clos ?

Lorsque l’on tue de sang froid, lorsque l’on torture un jeune homme à peine plus âgé, que l’on ait 16 ou 18 ans, le crime et sa perfidie dépassent le concept d’âge. Seuls les coupables sont protégés par la loi.

Les crimes odieux ne devraient-ils pas être jugés par la Cour d’assise sans huis clos ? Mais alors qui délivrerait, et sur quels critères légaux, la qualification “d’odieux”?

Nuremberg, un bel exemple qui fait date.

Le procès de Nuremberg avait vu comparaître en son temps les principaux dignitaires nazis pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité du fait de leur responsabilité dans la mise en place de la « solution finale ».

Ce procès, premier du genre, a été filmé, les débats furent portés à la face du monde comme le miroir de l’ignominie et de l’indicible dont seul l’être humain a su et sait encore se rendre coupable.

L’exemple pour l’humanité pouvait alors faire son chemin. Enfin les rescapés, les historiens, sociologues, politiques et experts psychiatres, professeurs pouvaient dès lors piocher quelques faits à des fins pédagogiques, d’études ou de témoignages.

Même si les débats mirent à jour le comportement inhumain de bon nombre des accusés, même si la plupart ont nié leur responsabilité, il n’en reste pas moins vrai que le monde entier a pris connaissance dès lors des actes des 24 autres salopards, Goering en tête ; ils furent contraints de répondre publiquement de leurs crimes.

Le Président Truman avait déclaré en préliminaire de ce procès d’exception : «Notre procès doit constituer un historique bien documenté de ce qui était, nous en sommes convaincus, un plan d’ensemble, conçu en vue d’inciter à commettre des agressions et les actes de barbarie qui ont indigné le monde »

Quel rapport avec le gang des barbares ?

La thune des Juifs, la spoliation, l’éradication, voilà le point commun. L’analogie unit les deux procès: par la barbarie qui y sera disséquée, ils sont du même sang. Cette barbarie n’a rien à envier – sauf les moyens - à celle utilisée 64 ans auparavant et dont les accusés durent répondre à Nuremberg.

Aujourd’hui dans le procès à huis clos de Fofana et de ses complices, les médias ne s’attardent pas trop sur le caractère antisémite du crime. Pour maintenir la paix sociale, ne pas choquer ? Ou pour imposer l’omerta sur un procès qui aurait pu et du être éducatif?

Aussi difficiles et répugnants qu’ils puissent s’avérer, les détails révélés sur le calvaire enduré par Ilan, en menant les spectateurs du procès au bord de la nausée, auraient pu constituer une vraie mission d’utilité publique pour les générations à venir, pour celles qu’on peut encore espérer sauver...

Qu’en est-il du droit moral de la victime ?

A-t-on pensé au droit d’Ilan Halimi et à celui de sa famille qui lutte pour alerter les consciences ? S’est-on seulement posé la question de la nécessité d’alerter l’opinion publique et de mettre à nu des sauvageons qui n’ont « d’homme » que le nom ?

Au contraire, on pourrait penser à une manœuvre pour préserver la paix sociale : on la joue profil bas, « Circulez y a rien à voir » comme aurait dit Coluche.

Silence des autorités musulmanes

La petite ordure de Fofana, cerveau (?) présumé d’une bande de paumés, choisit la provocation comme système de défense et rentre dans la salle, le doigt levé et criant « Allah hou Akbar ».

Pourquoi les autorités religieuses musulmanes ne bronchent-elles pas devant un tel blasphème ? Pas un commentaire, pas même l’indignation d’un éminent érudit qui aurait toute légitimité à fustiger un tel comportement, qui pourrait s’inscrire en faux devant des propos aussi inappropriés.

Une bonne occasion de démontrer combien de tels individus pervertissent les écrits originels du Coran a encore été perdue.

Au lieu de cela, le silence.

Le discours s’inocule comme un venin et l’antidote n’est pas pour demain à en croire les nombreux cas rapportés et les statistiques de convertis de dernière minute par le truchement d’Imams autoproclamés.

Le discours s’inocule comme un venin. Si l’on en croit les statistiques de convertis en prison par des imams autoproclamés, l’antidote n’est pas près d’arriver dans nos pharmacies.

Les émules de Fofana vont grandir et s’approprier comme autant de slogans les diatribes qui leur auront été rapportées par les minutes judicaires du procès. Ainsi une nouvelle génération de crétins prouvera qu’elle n’a rien compris à sa religion.

Hasard du calendrier, M’bala M’bala

Le pathétique has been comique Dieudonné M’bala m’bala, maitre dans les injures commises vis-à-vis d’une race ou une religion déterminée, en l'espèce des injures antisémites, passe en procès (Septembre 2009). En attendant, il crée sa liste antisioniste pour les élections européennes.

En parlant de venin, il est une seringue à lui seul. La sémantique plus policée, il déverse sa haine sur le sionisme, une vision diamétralement opposée à celle de son illustre “frère” Martin Luther King, dont les phrases et les principes résonnent encore de nos jours comme les plus beaux discours de paix.

Et si demain un groupe de citoyens se réveillait avec l’idée brillante de présenter sa propre liste européenne, une liste « anti-antisioniste » ou encore « anti-islamiste » ?

Souhaitons à Fofana et à ses complices d’aller très vite tâter l’humidité des geôles de la république dans un futur très proche. La France est classée parmi les dernières nations européennes en termes de prison.

Ses conditions d’incarcération sont cependant incomparablement plus humaines que celles qu’Ilan Halimi a endurées aux mains des barbares.

Ainsi les barbares en question auront tout loisir, dans leur cellule vétuste, de méditer sur cette phrase de Martin Luther King :
« L’antisémitisme, la haine envers le peuple juif, a été et reste une tache sur l’âme de l’humanité. Nous sommes pleinement d’accord sur ce point. Alors sache aussi cela : antisioniste signifie de manière inhérente antisémite. Et il en sera toujours ainsi. »


Jean-Michel Peretz

http://www.primo-europe.org/selection.php?numdoc=Do-974580758