10.6.09

A l'ouest, du nouveau



Ce qui s’accomplit sous nos yeux est une révolution.

Après une lune de miel d’une quarantaine d’années et quelques fâcheries amoureuses, Israël et les Etats-Unis de Barak Hussein Obama ne partagent plus une même vision du monde.

Le problème, aussi alarmant pour l’Etat d’Israël que les priorités divergentes entre les dossiers iranien et palestinien, est que l’Europe exporte désormais avec succès ses références culturelles et son « ivrognerie de l’âme » (*) dans cette nouvelle Amérique installée à la Maison-Blanche.

Elle inspire également certains de ses fleurons médiatiques et campus universitaires ainsi qu’une partie influente de sa communauté juive adepte du « viol vertueux » d’Israël.

Une Europe où l’assassin de civils israéliens « n’a ni tort ni raison » (*) et où « malice et vertu sont hasard ou caprice » (*).

Une Europe où l’attentat-suicide pour massacrer un innocent en Israël « annule la culpabilité et le crime lui-même » (*).

Une Europe qui crée « la culpabilité chez la victime elle-même » (*) et où les victimes juives « viennent d’entrer dans l’extrémité de leur disgrâce : elles ennuient » (*).

C’est ainsi que telle une Europe du Nouveau Monde servie toutefois par une crédibilité politique et militaire qui manque à sa muse, l’Amérique ménagera autant l’Iran qu’elle pressera sans état d’âme Israël d’accepter sur son flanc oriental un Etat palestinien dont les institutions, l’économie et la sécurité tellement aléatoires le promettent pourtant, comme la bande de Gaza hier, au service de Téhéran.

Une Europe du Nouveau Monde qui s’inquiète moins de la perspective d’un Iran nucléaire que de l’éventualité d’une frappe israélienne pour la prévenir, et qui ne rougira pas d’agiter à nouveau la supposée capacité atomique de son allié israélien pour cette fois suggérer que son abandon paierait les mollahs du sacrifice de leur ambition.

Une Europe du Nouveau Monde qui, avec la même sottise embarrassante que son égérie, entend désarmer par le dialogue et la raison un ennemi qui veut sa mort, et qui plaide naïvement que la création d’un Etat palestinien l’aidera, le cas échéant, à construire une coalition de pays arabes « modérés » contre l’Iran.

Comme si ces pays attendaient réellement des avancées sur la prétendue ambition nationale palestinienne pour concéder à Israël et aux Etats-Unis le droit de les débarrasser de la menace que l’Iran fait peser sur eux, du Liban à l’Irak, de l’Egypte à l’Arabie Saoudite en passant par le Maroc ou la Jordanie.

Comme si ces pays, beaucoup plus inquiets de la mansuétude de cette nouvelle Amérique pour leur ennemi shiite qu’irrités par les objections israéliennes sur le leurre palestinien, devaient être tirés par la manche pour la laisser lui administrer l’indispensable correction qu’ils se savent incapables de lui infliger seuls.

Une Europe du Nouveau Monde qui, comme son aînée, plébiscite plus la vision d’un Etat pour les Palestiniens qu’elle ne les aide ou les contraint à en mériter le droit.

Elle aussi, survole les incohérences de leurs représentants « modérés » et néglige de leur commander une reconnaissance symétrique de leur futur voisin israélien pour une identité pourtant consacrée dès sa naissance par la communauté des nations.

Il en résulte que telle une Europe du Nouveau Monde, l’Amérique voit dans le souci légitime d’Israël pour sa sécurité et le respect de son identité une entrave sur la route de la paix avec les Palestiniens.

Elle y voit de surcroit un obstacle à la solution des problèmes posés par le totalitarisme islamique en Irak, au Liban, en Syrie, au Pakistan ou en Afghanistan quand même la disparition de l’Etat juif n’en résoudrait à l’évidence aucun.

L’homélie urbi et orbi de Barak Hussein Obama au monde musulman le 4 juin au Caire a dit combien est proche, dans cette Amérique nouvelle aussi, « le jour où le crime se pare des dépouilles de l’innocence, par un curieux renversement qui est propre à notre temps, c’est l’innocence qui est sommée de fournir ses justifications » (*)...


(*) Extraits de « L’homme révolté », Albert Camus – 1951

Isaac Franco © Primo, Bruxelles, Juin 2009