11.7.09

Le vent de révolte continue en Iran


Les forces de sécurité ont poursuivi des manifestants et les ont frappés dans la rue Valiasr. Ce qui n'a pas empêché la foule de retourner des poubelles pour ériger des barricades enflammées.
Photo: AP , JPost

Près de quatre semaines après la présidentielle contestée du 12 juin, des milliers de partisans de Mir Hossein Moussavi sont descendus dans les rues de Téhéran jeudi aux cris de "mort au dictateur", défiant les autorités qui avaient promis d'''écraser" toute tentative de rassemblement.

Le gouverneur de la province, Morteza Tamaddon, avait juré d'''écraser" ceux qui oseraient se montrer, selon l'agence de presse officielle IRNA. Jeudi après-midi, policiers en uniformes et de miliciens bassidji étaient postés en nombre aux carrefours le long de la rue de la Révolution et près de l'université de Téhéran voisine, qui figuraient parmi les lieux de rendez-vous.

Cela n'a pas empêché la foule de retourner des poubelles pour ériger des barricades enflammées mais dans certains endroits la police a répliqué violemment, avec gaz lacrymogènes et matraques. Les forces de sécurité ont poursuivi des manifestants et les ont frappés dans la rue Valiasr, la plus grande avenue nord-sud de la ville, selon des témoins ayant requis l'anonymat pour se protéger.

Des images diffusées par la chaîne d'Etat Press TV montrent des femmes portant des foulards et des jeunes hommes repoussés, frottant leurs yeux attaqués par les lacrymogènes.

A l'université de Téhéran, un cordon de police a empêché la foule d'atteindre les grilles sans pour autant disperser les manifestants qui criaient "Mir Hossein" ou "mort au dictateur", d'après des témoins, qui ont estimé le groupe à un millier de personnes. Aucune arrestation ni aucun blessé n'ont été signalés. Des habitants ont accueilli de jeunes militants pourchassés.

La nuit tombée, des "mort au dictateur" ont été lancés depuis des toits, selon un rituel institué par les pro-Moussavi et qui dure environ une demi-heure chaque soir.

Ces manifestations étaient les premières importantes depuis 11 jours, sans comparaison toutefois avec les centaines de milliers de personnes qui avaient défilé après la présidentielle.

Le régime avait manifestement pris un certain nombre d'autres mesures pour éviter des rassemblements. Le service de SMS était inopérant jeudi pour la troisième journée consécutive, apparemment pour bloquer les communications entre les manifestants, comme au plus fort de la contestation.

Les autorités ont aussi fermé les universités et décrété des jours chômés mardi et mercredi, invoquant l'épais nuage de poussière et de pollution qui recouvrait la capitale et d'autres parties du pays. Du coup, jeudi marquant le début du week-end en Iran, beaucoup ont profité de ces jours de vacances surprise pour partir chercher un temps plus agréable.

Les appels à manifester circulaient depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux sur Internet et d'autres sites proches de l'opposition. Les rassemblements devaient coïncider avec l'anniversaire jeudi d'une attaque des bassidji sur un dortoir universitaire de Téhéran dans lequel un étudiant avait été tué pendant les manifestations étudiantes de 1999.

Au moins 20 manifestants et sept miliciens bassidji ont été tués dans la répression qui a suivi et un millier de personnes arrêtées. Si la police assure que la plupart ont été relâchées, les forces de sécurité continuent d'interpeller des dizaines de militants, journalistes et blogueurs. Les ressortissants étrangers ne sont pas épargnés, alors que Téhéran accuse les pays occidentaux d'attiser, voire d'avoir fomenté, la contestation.

Victime apparente de ces tensions, la Française Clotilde Reiss restait incarcérée jeudi à la prison d'Evin, où l'ambassadeur de France a pu lui rendre visite dans la matinée. La jeune femme de 23 ans est "en bonne santé" mais "préoccupée" par son sort, selon le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner.

Arrêtée le 1er juillet alors qu'elle s'apprêtait à rentrer en France, cette jeune Française, lectrice de français pendant cinq mois à Ispahan, est accusée d'espionnage pour avoir transmis sur Internet des photos des manifestations, d'après les autorités françaises.

Mercredi, à L'Aquila (Italie), où se tient le sommet du G-8, Nicolas Sarkozy avait exigé que la jeune femme soit libérée "sur le champ". "Ces méthodes ne sont rien d'autre que du chantage", a jugé le président français.


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